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Un trésor caché dans un champ : nous écoutons ce dimanche les dernières paraboles de Jésus dans le chapitre 13 de Matthieu. Il ne s’agit plus de recevoir la Parole pour donner du fruit, comme il y a deux semaines, ni de patienter en voyant l’ivraie croître avec le bon grain, comme la semaine dernière.

Que l’on découvre le trésor sans l’avoir du tout voulu, ou la perle parce que l’on est déjà en quête de vérité, il s’agit toujours d’un don gratuit et inattendu, une découverte de grande valeur qui change toute la vie car il va au-delà de ce que nous espérions. À deux reprises, Jésus nous invite à vendre tout ce que nous possédons pour acquérir ce trésor ou cette perle (vv. 44.46). Notons l’extravagance de la situation : une fois que le négociant n’a plus rien que la perle, comment vivra-t-il ? Le Royaume des Cieux est paradoxal : il exige de tout abandonner, de ne rien lui préférer ; mais il rend tout au centuple… Car le Royaume est le Christ lui-même, rencontré et suivi de façon radicale par les disciples, comme l’explique le pape François :

« Mais dans un cas comme dans l’autre, reste la donnée première que le trésor et la perle valent plus que tous les autres biens, et par conséquent lorsqu’ils les trouvent, le paysan et le marchand renoncent à tout pour pouvoir les acquérir. Ils n’ont pas besoin de raisonnements, de réfléchir : ils se rendent compte tout de suite de la valeur incomparable de ce qu’ils ont trouvé, et ils sont prêts à tout perdre pour l’obtenir. Il en est ainsi du Royaume de Dieu : celui qui le trouve n’a pas de doutes, il sent que c’est ce qu’il cherchait, qu’il attendait, et qui répond à ses aspirations les plus authentiques. Et il en est vraiment ainsi : qui connaît Jésus, qui le rencontre personnellement, est fasciné, attiré par tant de bonté, tant de vérité, tant de beauté, et le tout dans une grande humilité et simplicité. Chercher Jésus, rencontrer Jésus : voilà le grand trésor. »[1]

Le roi Salomon nous offre une illustration anticipée de cette parabole du trésor : la première lecture nous présente le « songe de Gabaon », un événement décisif de la vie du souverain (1R 3). Il est jeune, vient de monter sur le trône et le contexte décrit par les premiers chapitres du Premier livre des Rois est très difficile : il a supplanté un autre prétendant au trône, son demi-frère Adonias, qu’il a éliminé froidement (ch.1) ; il s’est ensuite débarrassé de Joab, le fameux général de son père et de Shiméï qui représente les notables opposés à la dynastie davidique. Le pouvoir de Salomon s’établit donc par le glaive, et tous à Jérusalem devaient ressentir un certain malaise devant tant de sang versé… et devant les errements religieux du jeune roi : « Salomon aimait le Seigneur : il marchait selon les ordres de David, son père. Seulement, il offrait des sacrifices dans les lieux sacrés et y brûlait de l’encens… » (3,3).

Le Seigneur lui apparaît en songe à Gabaon et pour lui faire cette proposition digne d’un conte des mille et une nuits : « Demande ce que je dois te donner ! » (v.5) Il semble que Dieu veuille mettre un peu d’ordre dans ce jeune cœur, et qu’il invite le roi à chercher l’essentiel : « quel est ton trésor, Salomon, que cherches-tu ? ». Une prise de conscience s’opère alors chez Salomon. La prière qu’il élève au Seigneur est d’une grande beauté, teinte d’humilité et de sincérité : « je suis un tout jeune homme, ne sachant comment se comporter… » (v.7) Puis il désigne le vrai trésor dans sa vie, qui est le Peuple d’Israël : il demande un cœur attentif pour accomplir dignement sa mission de Roi, qui consiste surtout à « gouverner le peuple et discerner le bien et le mal ».

C’est pourquoi il ressemble à l’homme au trésor de la parabole évangélique : Salomon rencontre Dieu et vend tout ce qu’il possède, c’est-à-dire qu’il renonce à tous les autres biens. « Non pas de longs jours, ni la richesse, ni la mort de tes ennemis… » (v.11) : le Seigneur énumère tous ces faux trésors que Salomon a rejetés, et se montre satisfait qu’il se soucie de ce que Lui-même a de plus cher, le Peuple élu ; il lui sera donné un « cœur intelligent et sage, tel que personne n’en a eu avant toi et que personne n’en aura après toi » (v.12). Dans ce même chapitre 3, le fameux jugement de Salomon, entre les deux femmes qui se disputent le même enfant, viendra montrer que ce don est effectif.

Le Psaume 119 (118) offre une autre illustration de la même parabole : non plus la Sagesse comme trésor, mais la Loi de Moïse, qui était le plus grand don fait par Dieu à son Peuple. Nous en lisons quelques versets où le juif pieux exprime sa joie devant cette perle précieuse : « Ta loi fait mon plaisir » (v.77) ; elle est préférable aux autres trésors qu’offre le monde : « Mon bonheur, c’est la loi de ta bouche, plus qu’un monceau d’or ou d’argent » (v.72), etc.

Quant à la dernière parabole, celle du filet jeté dans la mer, qui figure la séparation « des justes et des méchants » à la fin du monde, nous y reviendrons en commentant la grande scène du Jugement des nations (Mt 25), lors de la fête du Christ-Roi. Nous pouvons toutefois noter, à ce stade, un renversement de situation : ce n’est plus l’homme qui cherche le trésor, c’est le Christ qui cherche à prendre dans ses filets les hommes qui se révèlent ainsi le trésor de Dieu. Avons-nous conscience de ce double mouvement ? Dieu se donne à nous comme un trésor précieux et nous chérit en retour comme trésor, comme l’exprime si bien Isaïe :

« Car je suis le Seigneur ton Dieu, le Saint d’Israël, ton Sauveur. Pour payer ta rançon, j’ai donné l’Égypte, en échange de toi, l’Éthiopie et Seba. Parce que tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t’aime. » (Is 43, 3-4)

La Sagesse de Salomon, la Loi de Moïse : ces trésors sont dépassés par la personne du Christ, qui vient nous donner Dieu lui-même. Nous ne les perdons pas, ces trésors d’Israël, mais ils se transforment en « champs » dans lesquels les chrétiens, en scrutant les Ecritures, découvrent le vrai trésor : le Royaume. Jésus conclut donc ses paraboles en s’adressant au public judéo-chrétien de Matthieu :

« C’est pourquoi tout scribe devenu disciple du royaume des Cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. » (Mt 13,52).

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[1] Pape François angélus 27 juillet 2014.

 

 

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