Laissons-nous interpeller par les paroles de Jésus : « Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ! ». Tout jugement humain est téméraire. Seule l’humilité et un travail de conversion incessant permettent d’être dans la vérité et d’avancer sur le chemin de la sainteté.
Le jugement téméraire
Le jugement est un regard, parfois traduit en parole, qui nous fait évaluer notre prochain, le plus souvent à son détriment, en identifiant ce que nous pensons être ses défauts.
Or tout jugement est téméraire. Il est nécessairement fondé sur une erreur. Nous croyons voir clairement en l’autre, connaître ses motivations et ses sentiments. Or, nous ne connaissons jamais totalement les personnes, fussent-elles nos intimes. Elles-mêmes se connaissent d’ailleurs imparfaitement. Seul Dieu créateur et omniscient lit clairement dans les cœurs. Jérémie dit que Dieu « pénètre les cœurs et scrute les reins » (Jr 17,10). Il existe, dans l’âme de chaque personne, un lieu inviolable où seul Dieu pénètre. Soyons donc sûrs qu’il nous manque des éléments déterminants pour évaluer les actions d’autrui et cessons de juger.
Juger revient à enfermer l’autre dans son péché, à le réduire à ses défauts. Or, l’être humain est toujours plus grand que son péché car il porte en lui l’image du Créateur, qui le faire tendre vers le bien, même si cette image est défigurée. Tout homme peut devenir autre et sortir de son péché. Cela, seul Dieu peut le mesurer. Nous avons tous commis des actes dont nous dirions volontiers : cela ne me ressemble pas, ce n’est pas moi. Et cela est vrai. Nous avons tous de petits travers agaçants pour autrui, mais qui ne rendent pas compte de la beauté de notre vie. Nous n’aimerions pas être réduits à ces seuls actes, à ces seuls travers, alors agissons en conséquence à l’égard de nos frères et voyons en priorité ce qui est beau chez eux. Si nous ne le voyons pas, demandons que Dieu nous le révèle par un événement, une parole de ce frère. Dieu nous exaucera rapidement et nous serons alors confus de l’avoir si vite jugé.
Par ailleurs, juger revient à prendre la place de Dieu, nous prendre pour lui. C’est se placer en position de supériorité au-dessus de nos frères, comme si nous avions une pleine connaissance et une pratique certaine du bien et du mal. La réalité, nous le savons, est toute autre. Nous sommes pécheurs. De plus, à chaque fois que nous dénonçons un travers chez un frère, nous sous-entendons en réalité que nous sommes meilleurs que lui. Il y a donc orgueil et volonté de domination. Nous prenons souvent pour prétexte la défense de la morale ou de la justice : nous aimerions que ce frère se convertisse. Si c’est bien le cas nous pouvons le vérifier facilement de deux manières : une tendresse particulière pour ce frère qui nous porte à prier pour lui, voire à lui parler discrètement (correction fraternelle) et une absence totale de bavardage à son sujet.
Écoutons Thérèse d’Avila :
« Une autre tentation encore – et toutes s’accompagnent d’un tel zèle vertueux qu’il faut voir clair en soi et marcher prudemment – c’est la peine que nous causent les péchés et les fautes que nous voyons chez les autres. Le démon nous fait croire qu’elle ne vient que du désir qu’ils n’offensent pas Dieu et du souci que nous avons de son honneur, et l’on voudrait aussitôt y porter remède. […] Le plus sûr, par conséquent, pour une âme qui fait oraison, est de se désintéresser de tout et de tous, de ne s’occuper que d’elle-même et de contenter Dieu. C’est cela qui importe, car si je devais dire toutes les erreurs que j’ai vu commettre quand on se fie aux bonnes intentions, je n’en finirais jamais. Tâchons donc de toujours regarder les vertus et les bonnes choses que nous pouvons voir chez les autres et de couvrir leurs défauts avec nos grands péchés. Cette façon d’agir, même si elle n’est pas aussitôt parfaite, nous fera gagner une grande vertu qui est d’estimer que tous les autres sont meilleurs que nous… » [1]
Là encore, demandons la grâce de vivre la véritable fraternité des enfants de Dieu qui nous pousse à nous sentir pécheur parmi d’autres pécheurs, qui cherchent à se sanctifier les uns les autres, par une émulation et correction fraternelle authentiques.
Lucides sur le mal
Pour autant, ne pas juger son frère ne signifie pas se faire complice de ce qu’il fait de mal. Nous devons rester lucides sur le mal et distinguer les personnes des actes. Si nous ne connaissons pas le cœur d’autrui, nous avons appris du décalogue et de l’Évangile que certains actes sont objectivement mauvais. Il ne s’agit pas de le nier et de se compromettre avec le mal. Nous pouvons, sans juger nos frères, tenir certains de leurs actes pour mauvais. Si nous connaissons bien ces personnes, la charité nous commande même de les alerter. C’est ce qu’on appelle la correction fraternelle. Ce n’est pas une atteinte à l’amour, c’est tout l’inverse car l’amour veut le salut d’autrui et ne s’accommode pas de le voir se perdre. C’est aussi un témoignage à la vérité qui provient de Dieu.
Nous voyons aujourd’hui, au nom de la tolérance, ou par peur d’être rejetés, de nombreux parents justifier, par exemple, les comportements de leurs enfants alors même qu’ils les savent mauvais. Ce n’est pas cela la vraie charité. N’ayons donc pas peur de reprendre nos proches, nos amis, nos frères en religion, avec douceur, lorsqu’ils s’éloignent de l’évangile en matière de morale personnelle ou de justice sociale. « S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère » (Mt 18, 15)… et laissons-nous reprendre par eux en toute humilité.
Il existe enfin, l’actualité nous le montre, des cas de péchés graves que nous ne pouvons absolument pas couvrir car ils font scandale et détruisent les plus petits. Dénoncer le mal conduit parfois à dénoncer les personnes mais cela ne signifie pas nécessairement les juger. Une fois encore, il faut distinguer les personnes de leurs actes. Dans le cas des scandales, nous ne pouvons en aucun cas nous abriter derrière une volonté de ne pas juger : dénoncer un meurtrier, un prédateur, une personne commettant des abus sexuels, est de l’ordre de la stricte justice et s’impose à tous, même et surtout aux supérieurs. Il s’agit de faire la vérité, de faire reculer l’injustice et de protéger le faible. En revanche, le jugement moral à porter sur ces personnes, très complexe de surcroît, ne nous appartient pas.
Quelques exemples de jugement en Église
Mentionnons tout d’abord cette attitude qui consiste à juger tous ceux qui s’efforcent de progresser sur la voie de la vertu, et qui sont « trop pratiquants » ou religieux à notre goût. La radicalité de leurs choix nous dérange, notre conscience préfère juger les autres plutôt qu’elle-même, et nous en arrivons à chercher chez eux des défauts pour nous sentir libérés de cet appel, pourtant évangélique, à « tout quitter ». Saint Jérôme, parlant des saintes femmes de Rome qui l’ont suivi dans son effort ascétique, nous expliquait qu’elles ne s’étaient attiré que les moqueries des autres :
« Ô ruses et artifices du démon qui fait à la sainteté une guerre continuelle ! De toutes les femmes de Rome, Paula et Melania sont les seules qui soient devenues la fable de la ville. (…) Si elles allaient au bain, si elles se servaient des parfums les plus exquis, si elles savaient profiter de leurs richesses et de leur veuvage pour vivre avec plus de liberté et pour entretenir leur luxe et leur vanité, alors on les traiterait avec respect, on les appellerait saintes. Mais, dit-on, elles veulent plaire sous le sac et la cendre; elles veulent aller en enfer avec tous leurs jeûnes et toutes leurs mortifications! Comme si elles ne pouvaient, pas se damner avec les autres, en s’attirant par une vie mondaine l’estime et les applaudissements des hommes ! Si c’étaient des païens ou des Juifs qui condamnassent la vie qu’elles mènent, elles auraient du moins la consolation de voir que leur conduite ne déplairait qu’à ceux à qui Jésus-Christ ne plait pas ; mais ce qu’il y a de plus étrange, c’est que ce sont des chrétiens qui, au lieu de prendre soin de leurs propres affaires et d’arracher la poutre qui leur crève les yeux, tâchent de découvrir une paille dans l’œil de leur prochain, déchirent continuellement la réputation de ceux qui ont pris le parti de la piété, et s’imaginent remédier à leurs maux en censurant la conduite de tout le monde et en grossissant le nombre de ceux qui vivent dans le libertinage. » [2]
L’attitude inverse est également très fréquente. C’est celle du pharisien qui dans le Temple rend grâces à Dieu de ce qu’il n’est pas comme le publicain qui est assis au fond. Il énumère devant Dieu ses vertus, s’estime quitte envers lui et tire sa joie de la distance illusoire qu’il met entre le publicain et lui. Il est en réalité dans l’erreur et pèche gravement par orgueil et manque de charité. Nous sommes volontiers de ceux-là, et finalement, entre dévots forcenés et chrétiens laxistes, nous croyons étonnamment incarner le juste milieu… Laissons plutôt ces comparaisons et admettons que Dieu conduit chacun à sa manière et que nous serions mal avisés de juger de l’avancement des uns et des autres.
L’engagement à la perfection, surtout dans l’état religieux, ne libère pas de ce vice du jugement : l’histoire nous montre de nombreuses rivalités et de luttes entre congrégations pourtant dédiées à l’Évangile ; aujourd’hui encore, tant de critiques destructrices contre les personnes revêtues d’autorité dans l’Église… Nous commettons très facilement ce péché mais c’est une véritable poutre qui nous rend aveugles… Saint Bernard dénonçait ainsi énergiquement la « détraction » contre les autres ordres :
« Vous cherchez de quelle poutre je veux parler? N’en est-ce donc point une assez grosse et assez grande que cet orgueil qui vous fait croire que vous êtes quelque chose quand vous n’êtes rien, vous inspire les plus sots transports de joie sur votre prétendue santé, et vous porte à faire entendre des reproches insensés à ceux qui ont une paille dans l’ œil quand vous avez une poutre dans le v ô tre? ‘Je vous rends grâces, ô mon Dieu, dites-vous, de ce que je ne suis point comme le reste des hommes qui sont voleurs, injustes, adultères (Luc., XVIII, 11)’ que ne continuez-vous et que n’ajoutez-vous ‘détracteurs’ ? car la détraction n’est pas un des moindres fétus. Pourquoi donc n’en parlez-vous point quand vous nommez tous les autres? Si vous la comptez pour rien ou pour peu de chose seulement, je vous rappellerai ces paroles de l’apôtre: ‘Ni les médisants ne posséderont le royaume de Dieu (I Corinth., VI, 10)’… » [3]
Il est important que nous renoncions définitivement à nous critiquer en Église et entre frères. Ce dimanche peut être l’occasion pour chacun d’entre nous d’en prendre solennellement la résolution. La critique est un manque à la charité et donne le contre-témoignage d’une contradiction patente entre ce que nous prêchons et ce que nous pratiquons. Essayons d’éprouver combien cela attriste et blesse le Cœur du Christ, a fortiori lorsque ces divisions sont mises sur la place publique. Souvenons-nous de sa prière pour l’unité, au soir du Jeudi Saint : « Père saint, garde-les unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes » (Jn 17, 11). Cette parole nous fait clairement comprendre que nous ne sommes pas en paix avec Dieu si nous ne le sommes pas entre nous. Ce serait nous faire illusion.
Si nous sommes laïques, prenons le même engagement de renoncer à la critique dans nos familles et nos groupes d’amis. Rien de grand ne s’y fera si nous nous critiquons car l’Esprit Saint ne pourra pas y résider.
Les deux cas précédents ne sont que les plus apparents. Pour ceux qui s’engagent dans une vie spirituelle profonde et sincère, le risque de devenir un « aveugle qui guide un autre aveugle » est très fort, notamment au début. Saint Jean de la Croix nous l’explique :
« Quoique les choses saintes et divines nous inspirent d’elles-mêmes l’humilité, les commençants néanmoins reçoivent, par leur faute, les impressions de je ne sais quel orgueil secret, parce qu’ils font réflexion sur leur ardeur et sur leur diligence dans les exercices de piété. Ils conçoivent de la joie et de la complaisance d’eux-mêmes et de leurs actions, et ils ont un grand penchant à parler des choses spirituelles dans les conversations, et même à les enseigner plutôt qu’à les apprendre. Ils jugent des autres, et ils les condamnent en leur cœur de ce qu’ils n’embrassent pas la dévotion de la même manière qu’eux, et quelquefois ils en disent leurs sentiments, semblables en cela au pharisien, qui louait Dieu, qui se vantait de ses œuvres, et qui méprisait le publicain (Luc. XVIII, 11). Le malin esprit les anime souvent à la ferveur, à la vertu, aux bonnes actions, afin qu’ils en deviennent plus orgueilleux et plus présomptueux, sachant bien que ces choses, au lieu de leur profiter, leur nuiront, étant, comme elles sont, vicieuses et criminelles. Quelques-uns même d’entre eux sont assez vains pour désirer qu’il ne paraisse qu’eux seuls de gens de bien. C’est pourquoi, lorsque l’occasion s’en présente, ils improuvent les autres, et de fait et de paroles, et ils flétrissent autant qu’ils peuvent leur réputation: ‘Ils voient comme parle Jésus-Christ, une paille dans l’œil de leur frère, et ils ne voient pas une poutre dans leur œil. Ils coulent le moucheron qu’ils aperçoivent dans les breuvages des autres, et ils avalent le chameau dans leur propre nourriture’ (Matth., VII, 3 – XXIII, 21). » [4]
Ainsi, dans les premiers temps de la vie spirituelle, le moindre progrès peut facilement donner lieu à un mouvement d’orgueil. C’est pour cela que Dieu procède prudemment et en fonction de chacun : s’il nous donne « trop » de grâces pour nous appeler à la vie mystique, nous risquons de nous gonfler d’orgueil ; s’il n’en donne « pas assez », comment pourrions-nous faire un pas en avant étant donnée notre pauvreté intérieure ? Une grande mystique, sainte Thérèse d’Avila, gratifiée de grâces exceptionnelles au long de sa vie, décrit comment elle-même avait tendance à vouloir guider les autres sans être parvenue à la vision suffisante qui la libèrerait de sa cécité :
« Une autre tentation très ordinaire, dès qu’on commence à goûter la paix et le bonheur qu’on en retire, est de désirer pour tous une grande spiritualité. Ce désir n’est pas un mal ; mais s’y employer pourrait n’être pas bon : faute de discernement et de discrétion, on se donne l’air de faire la leçon ; car si, dans ce cas, on veut être utile aux autres, il faut avoir de très grandes vertus et ne pas leur donner de tentations. Cela m’est arrivé – et c’est pourquoi je le comprends – lorsque, comme je l’ai dit, je m’efforçais de convertir les autres à l’oraison ; comme, d’un côté, elles m’entendaient dire de grandes choses des grands bienfaits qu’elle procure, et que, de l’autre, elles me voyaient si pauvre en vertus, je ne faisais que les tenter et les égarer ; et avec raison, comme elles sont venues me le dire depuis ; car elles ne savaient comment concilier les deux choses, parce qu’elles ne jugeaient pas mauvais ce qui l’était effectivement, comme elles me voyaient le faire quelquefois et qu’elles pensaient du bien de moi. » [5]
Au contraire, son ami saint Jean fait le portrait des saints commençants :
« Bien loin de s’ériger en maîtres de la vie spirituelle, et de vouloir donner des instructions aux autres, ils en reçoivent volontiers de tous ceux qui peuvent leur être utiles; ils sont même prêts, si leurs directeurs le commandent, à quitter le chemin qu’ils tiennent, et à suivre une autre voie, croyant toujours que leurs démarches en la vertu ne sont que des égarements. Ils ont de la joie quand on loue les autres, et de la tristesse de ce qu’ils ne sont pas aussi bons serviteurs de Dieu que ces gens-là. Au lieu d’avoir du penchant à parler de leurs actions, ils ont même de la confusion de les dire à leurs pères spirituels, les jugeant indignes d’être expliquées et connues des hommes. Il leur paraît bien plus souhaitable de faire éclater leurs péchés et leurs vices à la vue de tout le monde, ou du moins de donner connaissance de ce qu’ils sont, désirant qu’on n’y découvre aucune trace de vertu : pour cette raison, ils se font un plaisir de communiquer leur intérieur à des gens qui n’en fassent nul étal. Cette manière d’agir est assurément le propre d’un esprit simple, pur, sincère ; et elle plaît infiniment à Dieu, parce que son esprit divin demeure dans ces personnes humbles, et les excite à cacher en elles-mêmes leurs richesses spirituelles, et à jeter dehors tout le mal qui s’y peut glisser : c’est la grâce singulière qu’il accorde aux humbles avec toutes les vertus, pendant qu’il la refuse aux orgueilleux. » [6]
Retirer la poutre : se convertir sans cesse
« À trop regarder la bosse du dromadaire on en oublie être un chameau ». Cet amusant proverbe nous rappelle que le texte de l’évangile du jour fait plus que nous inciter à ne pas juger. Il nous invite à retirer la poutre qui est dans notre œil, c’est-à-dire à nous convertir sans cesse. Avant toute chose, il faut prendre soin de bien former sa conscience. Le Catéchisme nous rappelle en quoi consiste cette formation :
« La conscience doit être informée et le jugement moral éclairé. Une conscience bien formée est droite et véridique. Elle formule ses jugements suivant la raison, conformément au bien véritable voulu par la sagesse du Créateur. L’éducation de la conscience est indispensable à des êtres humains soumis à des influences négatives et tentés par le péché de préférer leur jugement propre et de récuser les enseignements autorisés. L’éducation de la conscience est une tâche de toute la vie. Dès les premières années, elle éveille l’enfant à la connaissance et à la pratique de la loi intérieure reconnue par la conscience morale. Une éducation prudente enseigne la vertu ; elle préserve ou guérit de la peur, de l’égoïsme et de l’orgueil, des ressentiments de la culpabilité et des mouvements de complaisance, nés de la faiblesse et des fautes humaines. L’éducation de la conscience garantit la liberté et engendre la paix du cœur. » [7]
Nous pourrons ensuite faire acte d’humilité, notamment à l’occasion d’une confession, en demandant au Seigneur de nous révéler les péchés que nous ne voyons pas ou ne considérons pas graves. Cette prière reste rarement sans réponse et peut même nous secouer un peu. Le curé d’Ars avait demandé un jour à Dieu de lui montrer sa misère et avouait qu’il avait failli désespérer. Il conseillait donc de lui demander seulement de « nous montrer un peu notre misère »…
Le sacrement de réconciliation, reçu régulièrement et précédé d’un examen de conscience sérieux, est sans doute la meilleure façon de progresser dans la lucidité sur soi-même et la sensibilité à son propre péché. Les actes de charité envers les pauvres nous apprendront la miséricorde envers nos frères. L’obéissance, enfin, permet, dans la vie religieuse, d’accomplir certainement les desseins de Dieu et d’avancer dans la sanctification ; elle nous préserve à la fois du découragement et de l’orgueil. Nous sommes tous aveugles : au lieu de nous juger mutuellement, de nous scandaliser du mal des autres, ou de vouloir tout réformer par nous-mêmes, commençons… par prier humblement les uns pour les autres. Souvenons-nous des paroles de Jésus, lors de l’épisode de l’aveugle-né en Jean 9 :
« Parmi les pharisiens, ceux qui étaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent : ‘Serions-nous aveugles, nous aussi ?’ Jésus leur répondit : « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : “Nous voyons !”, votre péché demeure » (Jn 9, 40-41)
Nous pouvons conclure par la prière de St François d’Assise devant le crucifix de Saint Damien, pour demander la grâce d’être éclairés : « Dieu Très-Haut et glorieux, Illumine les ténèbres de mon cœur ; Et donne-moi Seigneur La foi droite, l’espérance certaine et la charité parfaite, Le sentir et le connaître, Afin que j’accomplisse ton commandement saint et véridique. Amen. » [8]
[1] Sainte Thérèse d’Avila, Livre de la vie, chap. XIII, Pléiade p. 78.
[3] Saint Bernard de Clairvaux, Apologie, Chapitre V ( Saint Bernard fait entendre des paroles sévères aux religieux qui jalousent et déprécient les autres ordres ), disponible ici.
[4] Saint Jean de la Croix, Nuit obscure de l’âme, chapitre II, De quelques imperfections spirituelles où les commençants tombent à l’égard de l’orgueil.
[5] Sainte Thérèse d’Avila, Livre de la vie, chap. XIII, Pléiade p. 77.
[6] Saint Jean de la Croix, Nuit obscure de l’âme, chapitre II, De quelques imperfections spirituelles où les commençants tombent à l’égard de l’orgueil.