Dans le passage d’évangile très émouvant que nous proclamons ce dimanche, Jésus prie pour l’unité. Trois points pour notre méditation : l’unité à laquelle les hommes sont tous appelés dans le Christ ; puis l’unité de l’Église ; enfin, l’unité intérieure.
Appelés à l’union dans le Christ
Jésus, avant de mourir, prie pour l’unité. Pourquoi à ce moment-là et de manière si insistante ? De quoi s’agit-il précisément ? Il ne propose pas une simple absence de divisions, ni une harmonie ou une concorde sociale à la manière humaine, même si cela constitue un bon début. Jésus parle d’une réalité beaucoup plus profonde que cela. Dieu est Un. Il n’est pas individuel et solitaire, il est Un parce qu’il réalise parfaitement l’unité de personnes distinctes mais totalement liées dans l’amour. Aucune de nos réalités humaines ne peut rendre compte de cette unité et de cet amour, même si toutes sont appelées à s’en inspirer.
Jésus est parfaitement uni au Père dans l’Esprit ; par lui et en lui, nous sommes appelés à entrer dans cette communion parfaite. Nous n’y sommes pas appelés seuls, chacun pour son compte : tous les hommes de tous les temps y sont conviés, si bien que nous ne formons, au-delà des apparences, qu’un seul corps, comme l’exprime admirablement saint Paul :
« Appliquez-vous à conserver l’unité de l’Esprit par ce lien qu’est la paix. Il n’y a qu’un Corps et qu’un Esprit, comme il n’y a qu’une espérance au terme de l’appel que vous avez reçu ; un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ; un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, par tout et en tous » (Eph 4,3-6)
C’est ce que la liturgie reprend dans la Prière eucharistique III : « Quand nous serons nourris de son corps et de son sang, et remplis de l’Esprit-Saint, accorde-nous d’être un seul corps et un seul esprit dans le Christ ». Nous découvrons en nos frères non seulement l’image de Dieu, mais un membre de ce corps que nous formerons en plénitude dans le Christ, à la fin des temps, et que nous formons déjà mystiquement lorsque nous vivons cette réalité. C’est tout cela qu’enseigne le Christ aux apôtres dans l’intimité du Cénacle, comme un testament spirituel.
Cette unité profonde n’est pas une sympathie, un lien, c’est beaucoup plus profondément le partage de la même vie, puisée éternellement à la même source, le Christ. Ce n’est donc pas un sentiment, l’adhésion commune à une croyance, mais la participation à une même nature, une même essence, celle de l’humanité transfigurée en Jésus-Christ. Car cette union, nous ne pouvons la réaliser par nous-mêmes, c’est le Christ, unique médiateur, qui nous donne d’être vraiment unis au Père et vraiment frères au sens spirituel du terme.
Le texte d’aujourd’hui nous interroge donc doublement. Dans notre relation à Dieu d’abord. Ai-je le désir de ne faire qu’un avec Dieu, pas seulement de vivre en sa présence, mais d’être uni définitivement et irrévocablement à lui ? Les personnes de la Trinité, nous enseigne la théologie, n’ont pas d’action propre « ad extra », elles agissent toujours ensemble. Jésus a totalement fait la volonté du Père. Il ne s’est rien réservé et c’est pour cela qu’il peut être glorifié. Est-ce ainsi que je souhaite vivre avec Dieu, ou bien je me réserve une certaine distance pour garder mon autonomie ? Qu’est-ce que je n’ai pas encore donné à Dieu, qu’est-ce que je lui refuse ?
Notre relation aux autres est totalement conditionnée par cette vision des choses. Dieu m’a appelé à vivre en union avec lui, en Jésus, et il a aussi appelé tous mes frères à la même réalité spirituelle. Dans l’éternité bienheureuse, je ne ferai plus qu’un, non seulement avec ceux que j’ai aimés, mais avec tous les hommes de tous les temps. C’est une perspective extraordinaire mais qui demande, dans cette vie, une véritable conversion. C’est dans le Christ que nous serons un. Est-ce que j’aime mes proches « dans le Christ », c’est-à-dire, d’un véritable amour qui vient de lui, qui n’est basé ni sur une origine commune, le sentiment, l’attirance, le profit personnel, le confort d’une affection purement humaine ? Est-ce que je les aime pour moi-même ou dans le respect de la présence de Dieu en eux ? Le pape François nous invitait ainsi à vivre d’amour fraternel :
« Demandons au Seigneur de nous faire comprendre la loi de l’amour. Qu’il est bon de posséder cette loi ! Comme cela nous fait du bien de nous aimer les uns les autres au-delà de tout ! Oui, au-delà de tout ! À chacun de nous est adressée l’exhortation paulinienne : ‘Ne te laisse pas vaincre par le mal, sois vainqueur du mal par le bien’ (Rm 12, 21). Et aussi : ‘Ne nous lassons pas de faire le bien’ (Ga 6, 9). Nous avons tous des sympathies et des antipathies, et peut-être justement en ce moment sommes-nous fâchés contre quelqu’un. Disons au moins au Seigneur : “Seigneur, je suis fâché contre celui-ci ou celle-là. Je te prie pour lui et pour elle”. Prier pour la personne contre laquelle nous sommes irrités c’est un beau pas vers l’amour, et c’est un acte d’évangélisation. Faisons-le aujourd’hui ! Ne nous laissons pas voler l’idéal de l’amour fraternel ! » [1]
Dans le mariage, la relation filiale ou fraternelle, dans l’amitié, je suis appelé à découvrir avant tout un frère qui est en route avec moi vers la gloire de Dieu ; il a été créé d’abord pour Dieu, comme moi. Est-ce que ma manière de me comporter avec mon conjoint, mes enfants, mes proches, mes frères de communauté, est empreinte de cette vision et respecte profondément le mystère de leur relation au créateur et le projet d’amour de Dieu sur eux ?
Je suis en route vers le Ciel. Sur ce chemin, j’ai la joie d’être accompagné par des personnes proches mais il y a aussi, tout autour, une foule d’autres frères en marche vers moi, que je n’ai pas expressément choisis mais que Dieu m’a donnés comme compagnons de route. Est-ce que j’ai le cœur ouvert aux inconnus, aux malheureux ? Je n’ai pas à décider parmi eux qui me plaît et qui me déplaît. Ils sont tous mes frères. Tous ceux qui entrent dans ma vie, même ceux qui me persécutent, me sont mystérieusement donnés par Dieu. Est-ce que je les reçois comme tels ? Est-ce je sais supporter, pardonner, prier pour eux, dans l’espérance de partager un jour avec eux la vie de Dieu, dans une relation purifiée ? Ai-je des préventions manifestes contre certains frères, certains groupes humains, sociaux, religieux ou ethniques ? Dans le Christ, cela n’est pas possible…
Cette conscience de l’unité du genre humain est à la base de l’évangélisation et a pu conduire certains hommes à donner leur vie. En célébrant la messe pour les martyrs de l’Ouganda, le pape François l’exprimait très clairement :
« Le don de l’Esprit Saint est un don qui est donné pour être partagé. Il nous unit les uns aux autres comme fidèles et membres vivants du Corps mystique du Christ. Nous ne recevons pas le don de l’Esprit seulement pour nous-mêmes, mais pour nous édifier les uns les autres dans la foi, dans l’espérance et dans l’amour. Je pense aux saints Joseph Mkasa et Charles Lwanga, qui, après avoir été instruits dans la foi par les autres, ont voulu transmettre le don qu’ils avaient reçu. Ils l’ont fait dans des temps dangereux. C’est non seulement leur vie qui a été menacée, mais aussi la vie des plus jeunes confiés à leurs soins. Puisqu’ils avaient cultivé leur foi et avaient fait grandir leur amour pour Dieu, ils n’ont pas eu peur de porter le Christ aux autres, même au prix de leur vie. Leur foi est devenue témoignage ; aujourd’hui, vénérés comme martyrs, leur exemple continue d’inspirer beaucoup de personnes dans le monde. Ils continuent à proclamer Jésus Christ et la puissance de la Croix. » [2]
Le Pape François ajoutait dans une autre homélie :
« Si, comme les martyrs, nous ravivons chaque jour le don de l’Esprit qui habite en nos cœurs, nous deviendrons alors certainement ces disciples-missionnaires que le Christ nous appelle à être. Pour nos familles et nos amis sûrement, mais aussi pour ceux que nous ne connaissons pas, spécialement pour ceux qui pourraient être peu bienveillants et même hostiles à notre égard. Cette ouverture envers les autres commence dans la famille, dans nos maisons, où on apprend la charité et le pardon, et où dans l’amour de nos parents, on apprend à connaître la miséricorde et l’amour de Dieu. Elle s’exprime aussi dans le soin envers les personnes âgées et les pauvres, les veuves et les orphelins. » [3]
Unité de l’Église
Au soir de sa vie, Jésus prie tout particulièrement pour l’unité des croyants. Non pas parce que l’Église constituerait une élite privilégiée, et que Jésus ne s’intéresserait pas aux autres, mais parce qu’elle est le noyau primordial de la communion universelle, une réalité ouverte, appelée à s’étendre à toute l’humanité. Il est émouvant d’entendre Jésus prier pour les croyants des temps à venir : à cet instant-là, il nous a tous embrassés du regard : il a pensé à vous et à moi, à chaque homme, à chaque femme. Il a prié le Père pour que nous restions unis. Comment répondons-nous à cet appel ? Avons-nous à cœur de garder l’unité dans nos familles, nos communautés ? Cela est essentiel. Quoi que nous ayons souffert, et ce peut être très lourd, nous sommes appelés à pardonner et, si possible, à retisser la relation. Le pape François en exprimait l’exigence très clairement :
« À ceux qui sont blessés par d’anciennes divisions il semble difficile d’accepter que nous les exhortions au pardon et à la réconciliation, parce qu’ils pensent que nous ignorons leur souffrance ou que nous prétendons leur faire perdre leur mémoire et leurs idéaux. Mais s’ils voient le témoignage de communautés authentiquement fraternelles et réconciliées, cela est toujours une lumière qui attire. Par conséquent, cela me fait très mal de voir comment, dans certaines communautés chrétiennes, et même entre personnes consacrées, on donne de la place à diverses formes de haine, de division, de calomnie, de diffamation, de vengeance, de jalousie, de désir d’imposer ses propres idées à n’importe quel prix, jusqu’à des persécutions qui ressemblent à une implacable chasse aux sorcières. Qui voulons-nous évangéliser avec de tels comportements ? » [4]
Nos querelles ont souvent pour source l’orgueil ou l’intérêt matériel. C’est un contre-témoignage manifeste pour le monde. De même nos critiques des frères chrétiens séparés ou de la hiérarchie de l’Église. À chaque fois que nous nous y prêtons, nous faisons obstacle à cette prière du Christ pour l’unité. En tombant dans ce piège, nous faisons le jeu de Satan, qui sort renforcé de nos divisions. Nous pouvons avoir des différends, il ne s’agit pas de le nier. Mais nous devons garder le lien de la charité et de l’unité. Comme nous y exhorte saint Paul : « Ayez même sentiment ; vivez en paix, et le Dieu de la charité et de la paix sera avec vous » (2Co 13,11).
Le thème de l’Évangile, l’unité, et la scène des Actes, le martyre d’Étienne, nous suggèrent naturellement de méditer sur ces nombreux chrétiens qui ont donné leur vie pour l’unité de l’ É glise, comme martyrs pour la communion ecclésiale…
En 483, les Vandales du roi Hunéric, venus d’Espagne, envahissent l’Afrique du Nord, alors largement chrétienne. Hunéric est arien, une hérésie qui nie la divinité du Christ. Il veut imposer sa religion aux terres conquises. On estime à 4000 le nombre des chrétiens qui refusèrent de le suivre, furent déportés et finalement exécutés.
Au XIVe siècle, sans être martyre, sainte Catherine de Sienne, une tertiaire dominicaine, a déployé une activité incroyable pour réconcilier les factions d’Église rivales et ramener le pape à Rome, au milieu d’oppositions farouches.
En Angleterre, Saint Thomas More (1478-1535), conseiller et proche d’Henri VIII, est mort pour avoir refusé d’avaliser son projet de séparation de l’Église d’Angleterre d’avec Rome.
En 1596, une partie de l’Église ukrainienne, dissidente depuis le grand schisme (1054) se rattache à Rome et se retrouve persécutée. Saint Josaphat, né Ivan Kounsevitch (1580-1623) est déchiré par la division entre catholiques et orthodoxes. Devenu évêque de Polotz, il œuvre pour la fidélité à l’Église de Pierre. En 1623, lors d’une visite pastorale, il est pris à partie par la foule, lynché et jeté dans le fleuve. Voici comment le martyrologe décrit sa vie :
« Né dans l’orthodoxie, Jean Kuncewicz adhéra, dès sa jeunesse, à l’union catholique et, devenu évêque de Polotz sous le nom de Josaphat, il déploya un zèle constant à garder son troupeau dans l’unité, attentif à donner toute sa splendeur à la liturgie byzantine slave. Au cours d’une visite pastorale à Vitebsk, en 1623, il fut massacré par une foule déchaînée contre lui et mourut pour l’unité de l’Église et la défense de la vérité catholique. » [5]
Saint Jean-Paul II, qui a vécu dans sa chair ces tensions pour l’unité, nous rappelait ainsi l’actualité de leur message :
« Les martyrs et confesseurs de la foi en Ukraine ont connu la vérité, et la vérité les a rendus libres. Les chrétiens d’Europe et du monde, se prosternant en prière au seuil des camps de concentration et des prisons, doivent leur être reconnaissants pour la lumière qu’ils ont donnée : c’était la lumière du Christ, qu’ils ont fait resplendir dans les ténèbres. Aux yeux du monde, les ténèbres ont longtemps paru l’emporter, mais elles n’ont pu éteindre cette lumière, car c’était la lumière de Dieu et la lumière de l’homme offensé mais qui ne pliait pas. » [6]
Même si aujourd’hui des rivalités persistent, nous vivons une époque de rapprochement entre les différentes confessions chrétiennes.
Dans l’optique de cette communion ecclésiale, le pape François utilise souvent une nouvelle expression : « l’œcuménisme du sang ». Les persécutions modernes touchent tous les chrétiens, quelle que soit leur confession ; le sang versé par chacun n’appartient pas à une chapelle ou une dénomination, mais il s’unit dans un seul témoignage éclatant d’amour envers le Christ, qui transcende les divisions entre nous :
« Et en ce moment de prière pour l’unité, je voudrais rappeler nos martyrs d’aujourd’hui. Ils rendent témoignage à Jésus Christ et ils sont persécutés et tués parce que chrétiens, sans faire de distinction, de la part des persécuteurs, entre les confessions auxquelles ils appartiennent. Ils sont chrétiens et pour cela persécutés. Voilà, frères et sœurs, l’œcuménisme du sang. » [7]
L’histoire de l’Église est parsemée de querelles théologiques qui ont parfois servi de prétextes à d’épouvantables violences ; mais si nous fixons notre attention sur cet œcuménisme du sang, nous découvrons une communion réelle qui remet à leur juste place les débats théologiques : l’amour de la vérité ne doit pas conduire à l’idéologie, mais être au service de la communion… Le pape François l’exprimait ainsi à une délégation du Patriarcat œcuménique de Constantinople :
« La réflexion sur les concepts de primat et de synodalité, sur la communion dans l’ É glise universelle, sur le ministère de l’Evêque de Rome, ne sera pas alors un exercice de style ni une simple discussion entre positions inconciliables. Nous avons tous besoin de nous ouvrir avec courage et confiance à l’action du Saint-Esprit, de nous laisser prendre par le regard du Christ sur l’ É glise son épouse, sur le chemin de cet œcuménisme spirituel renforcé par le martyre de tant de nos frères et sœurs qui, en confessant Jésus Christ le Seigneur, ont réalisé l’œcuménisme du sang. » [8]
Martyre et communion : les grandes figures de martyrs pour l’unité de l’Église nous offrent un exemple d’amour extrême envers l’Épouse du Christ ; l’Esprit opère l’unité intérieure de chaque croyant, pour qu’il puisse rendre son « beau témoignage » (1Ti 6,13) devant le monde ; le sang des martyrs est ferment de communion ecclésiale, et il unit entre elles les différentes communautés, au-delà de leurs différends institutionnels.
Unité intérieure
Si tant de Saints ont œuvré pour l’unité de l’Église, et si les martyrs donnent la preuve suprême de leur attachement au Christ, c’est qu’ils sont d’abord habités par Lui, et que l’Esprit a accompli en leur personne une œuvre admirable d’unification. Ainsi se réalise la parole de Jésus que nous venons de proclamer : « Pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux » (Jn 17,26). La force qui soutient Étienne lors de son martyre le montre bien : c’est le Christ qui revit en lui sa Passion.
Cela nous renvoie à l’importance d’une autre unité, celle de l’homme intérieur. Nous naissons avec la brisure du péché originel, qui introduit une division profonde en notre être. Saint Paul l’exprime ainsi : « Je ne fais pas le bien que je veux et commets le mal que je ne veux pas » (Ro 7,19) ; l’Esprit se met donc à l’œuvre en notre âme, pour nous conduire à Dieu, en reconstituant l’unité perdue pour que nous apprenions à aimer en vérité. Le chemin de l’unité est simple : le respect des commandements, non pas les nôtres ou ceux de la société, mais ceux de Dieu qui nous apprennent comment aimer, et nous conduisent à la pratique des vertus. Les auteurs mystiques comme Ruysbroeck ont développé ce thème pour décrire la croissance dans la sainteté :
« Voici maintenant que Dieu regarde l’habitation et le lieu de repos qu’il s’est établis en nous et avec nous, c’est-à-dire l’unité de l’esprit et sa ressemblance avec lui-même. À cette unité, il veut sans cesse rendre visite, en y renouvelant l’avènement de sa sublime génération et le riche écoulement de son amour infini ; car il veut faire sa demeure pleine de délices en l’esprit aimant. De même vient-il avec ses riches dons contempler cette ressemblance que notre esprit possède avec lui, afin de la faire croître et de nous rendre plus éminents en vertus. […] Enfin il veut que sans cesse, en chacun des actes que nous posons, nous retournions visiter l’unité de notre esprit et notre ressemblance avec Dieu. Car à chaque instant nouveau, Dieu naît en nous, et de cette sublime naissance s’écoule le Saint-Esprit avec tous ses dons. C’est par la ressemblance avec Dieu que nous allons au-devant des dons divins, mais c’est dans l’unité que nous faisons la rencontre de la sublime naissance. » [9]
Un dernier aspect de la prière de Jésus mérite d’être médité : la gloire. « Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, afin qu’ils contemplent ma gloire » (Jn 17,24) : la gloire que nous contemplerons au Ciel ne sera pas « seulement » celle de Jésus, mais aussi des martyrs et des saints. Ce sera aussi la nôtre. Nous nous réjouirons de cette parfaite communion d’amour, héritage des bienheureux. Ecoutons saint Thomas d’Aquin la décrire :
« La vie éternelle consiste [aussi] dans la société pleine de charmes de tous les bienheureux. Les délices de cette société seront extrêmes. Chaque élu, en effet, possédera, avec les autres bienheureux, tous les biens ; car il aimera chacun des bienheureux comme lui-même; c’est pourquoi il se réjouira du bien des autres comme de son bien propre. Aussi l’allégresse et la joie de tous les élus s’augmenteront-elles de la joie et de l’allégresse de chacun d’entre eux. ‘O Sion, c’est une grande joie pour tous d’habiter en toi’ (Ps. 86,7) » [10]
[1] Pape François, Evangelii Gaudium, nº101.
[2] Pape François, Homélie du 28 novembre 2015 (en Ouganda),
[3] Pape François, Homélie du 25 janvier 2015.
[4] Pape François, Evangelii Gaudium, nº100.
[5] Martyrologe romain, saint Josaphat.
[6] Saint Jean-Paul II, Lettre apostolique pour le quatrième centenaire de l’Union de Brest , n. 4, cf. ORLF n. 47, du 21 novembre 1995.
[7] Pape François, Discours du 25 janvier 2015
[8] Pape François, Discours du 28 juin 2014
[9] Ruysbroeck, L’ornement des noces spirituelles, livre II, chap. LXI.
[10] Saint Thomas d’Aquin, Commentaire du Credo, Article 12, nº172 (éditions Vivès 1857).