« Une femme surprise en flagrant délit d’adultère » : l’évangile de ce dimanche nous présente, en prélude à la Passion, une confrontation décisive entre Jésus et ses adversaires (Jn 8).
Un cœur miséricordieux confronté à des cœurs durs comme les pierres qu’ils ont en main. Saint Paul les connaît bien : il faisait autrefois partie des « zélés pour la Loi », il approuva la lapidation d’Étienne (Ac 8,1), puis il a été « saisi par le Christ » sur le chemin de Damas et s’est converti à l’Évangile. Dans la deuxième lecture (Ph 3), il oppose donc la « justice venant de la loi de Moïse », dont les scribes et les pharisiens voudraient être les champions, et la « foi au Christ », que la femme adultère découvre lors de sa rencontre avec lui. C’est une nouveauté révolutionnaire pour les Juifs fidèles à la loi, mais elle est à mettre en relation avec la nouveauté annoncée par Isaïe : « Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? » (Is 43, première lecture).
L’évangile : salut de l’adultère, condamnation des accusateurs (Jn 8)
L’évangile de la femme adultère est le récit d’un piège tendu à Jésus. Comme en d’autres circonstances – l’impôt dû à César, la femme ayant eu sept maris – la question des interlocuteurs de Jésus est une fausse question. Ils cherchent en réalité à le prendre en défaut, le texte dit littéralement « le tenter » (πειράζω, peïrazô), le verbe utilisé dans l’évangile des tentations au désert. Jean-Paul II résume ainsi la scène:
« D’une part, l’amour rédempteur du Christ, offert gratuitement à tous ; de l’autre, le refus de celui qui, poussé par l’envie, cherche une raison pour le tuer. É tant même accusé d’aller contre la Loi, Jésus est ‘mis à l’épreuve’ : s’il absout la femme surprise en flagrant délit d’adultère, on dira qu’il a transgressé les préceptes de Moïse. S’il la condamne, on dira qu’il a été incohérent avec le message de miséricorde envers les pécheurs. » [1]
La scène de l’évangile témoigne de cette tension : la violence contre la femme adultère, qui échappe de peu à la lapidation, contraste avec l’attitude sereine et pacifique de Jésus, qui brise cette logique de vengeance. En prenant parti pour la pécheresse, Jésus prend un risque et alourdit le poids des charges qui vont peser sur lui, jusqu’à le conduire à la mort. Il le sait et agit avec courage. Il est tout à fait conscient de la haine qui anime les « scribes et pharisiens », comme il le leur dira, quelques versets plus loin : « Or maintenant vous cherchez à me tuer, moi, un homme qui vous ai dit la vérité, que j’ai entendue de Dieu ! » (Jn 8,40).
Au-delà de la confrontation et de la controverse, ce récit est une rencontre, comme toujours dans l’Évangile. Jésus ne vient pas asséner des vérités, il vient rencontrer l’homme personnellement. L’évangile de Jean, en particulier, est une série de tableaux où nous voyons Jésus bouleverser la vie des personnes qu’il rencontre : Nicodème, la Samaritaine, l’infirme de Bethesda, l’aveugle de naissance… Jean-Paul II l’a bien décrit :
« Lorsqu’il croise la vie d’une personne, Jésus touche sa conscience, lit dans son cœur, comme cela a lieu avec la Samaritaine, à laquelle il dit « tout ce qu’elle a fait » (cf. Jn 4, 29). En particulier, il fait jaillir le repentir et l’amour, comme cela a lieu pour Zachée, qui donne la moitié de ses biens aux pauvres et restitue le quadruple de ce qu’il a extorqué (cf. Lc 19, 8). C’est ce qui arrive également à la pécheresse repentie à laquelle sont pardonnés ses péchés ‘parce qu’elle a montré beaucoup d’amour’ (Lc 7, 47) et à la femme adultère qui n’est pas jugée, mais invitée à conduire une existence loin du péché (cf. Jn 8, 11). La rencontre avec Jésus est semblable à une régénération : elle donne origine à une créature nouvelle, capable d’un véritable culte, qui consiste dans l’adoration du père ‘en esprit et en vérité’ (Jn 4, 23-24). » [2]
L’épisode de la femme adultère comporte en réalité deux rencontres décisives, l’une avec les « scribes et pharisiens », l’autre avec la pécheresse. En cela cette rencontre récapitule toute l’humanité en mal de salut et de pardon. Face à ces deux types de pécheurs et à leur attitude, Jésus adopte lui-même un comportement différent qui se traduit par des attitudes physiques distinctes.
La femme est littéralement « saisie » par ses juges (κατειλημμένη, kateiléméne) ; elle est traînée du lieu de sa faute à Jésus et placée « au milieu », comme pour mieux l’humilier et lui faire sentir sa singularité de pécheresse, le tout probablement sous les regards méprisants et les quolibets de la foule. Jésus, qui était assis, dans la position traditionnelle du rabbin qui enseigne, ne se lève pas mais à l’inverse se penche en avant. C’est d’abord une attitude de grande délicatesse : il détourne son regard de la pécheresse pour ne pas l’humilier. François Mauriac a bien saisi cette délicatesse :
« Le Fils de l’homme, sachant que cette malheureuse défaillait moins de peur que de honte, ne la regardait pas parce qu’il est des heures dans la vie d’une créature où la plus grande charité est de ne pas la voir. Tout l’amour du Christ pour les pécheurs tient dans ce regard dérobé. Et les chiffres qu’il traçait sur la terre ne signifiaient rien de plus que sa volonté de ne pas lever les yeux vers ce pauvre corps. » [3]
Dans le même temps, Jésus écrit sur le sol, dit la traduction liturgique. L’évangile utilise le terme « καταγράφω, katagraphô », c’est-à-dire tracer profondément, graver des figures. En faisant cela, Jésus rejoint la femme mise à terre, ravalée ; il rappelle à l’humanité son humilité originelle qu’il est venue rejoindre. Il regarde la misère de l’homme, tiré du sol, et rappelle l’attitude de Dieu façonnant Adam à partir du limon. Il va accomplir un geste de re-création face à la créature déchue.
Pendant tout ce temps, Jésus ne dit rien. La femme ne se défend pas et ne nie pas son péché. Elle est profondément humble. Elle se tait, elle aussi. Entre eux s’établit le silence qui permet à la vérité et à la communion de germer.
Lorsque les accusateurs sont partis, Jésus écrit à nouveau sur le sol. Cette fois c’est le terme « γράφω, graphô, écrire » qui est employé. Il renvoie au Deutéronome : le point de discussion est l’application de la Loi, symbolisée par les deux Tables, « écrites du doigt de Dieu » (Dt 9,10), d’où la mention du « doigt » de Jésus (Jn 8,6). Ces Tables ont dû être écrites par deux fois à cause du péché du Peuple (Dt 10), de même que Jésus, dans l’évangile, grave puis écrit sur le sol. Cette référence est significative : face à la Loi qui ordonne la lapidation, c’est-à-dire la mort infâme, Jésus après avoir esquissé un geste de création, écrit une nouvelle Loi fondée sur la miséricorde, imprimée dans les cœurs (Jr 31,33) et qui conduit à la vie.
Puis, il se lève face à la femme. Le temps de parler est venu. D’ailleurs la femme ne s’est pas enfuie, elle est restée là, comme si elle attendait une parole. A nouveau elle est face à lui, « au milieu » écrit Jean, non pas exposée mais au centre des attentions de Jésus, dans un tête-à-tête intime. Jésus est debout cette fois. C’est la position de l’autorité, du juge qui rend sa sentence, un juge miséricordieux. L’humilité et le silence de cette femme permettent à Jésus d’exercer la miséricorde de son Père. Le péché a besoin d’être épongé par la miséricorde, mais le pécheur a pour cela besoin de l’humilité et du repentir.
Jésus, comme il l’a fait avec la Samaritaine, s’adresse à elle progressivement, en lui parlant d’abord des accusateurs pour calmer son angoisse : « Femme, où sont-ils ? » (v.10). Dieu, en effet, n’utilise pas le registre de la peur et de l’intimidation. Grâce à cette question indirecte, elle se redresse petit à petit et constate qu’ils ont fui. Personne ne l’a condamnée, parce que personne n’était digne de la condamner ; et le seul qui pourrait le faire cherche plutôt sa brebis perdue : « Je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour sauver le monde » (Jn 12,47). La femme adultère est donc sauvée de ce tribunal improvisé dans le Temple, elle échappe à l’horreur de la lapidation, mais est surtout appelée à commencer une nouvelle vie. En effet, Jésus qui a renvoyé les accusateurs, lui révèle qu’il n’est pas pour autant indifférent à sa faute. Il lui demande de renoncer à son péché et la remet en chemin : « Va, et désormais ne pèche plus ». « πορεύου, poreou, va » signifie partir pour une marche, se mettre en route. La femme commence un autre chemin et on l’imagine désormais parmi les femmes qui suivaient le Maître, aux côtés de Marie prenant soin d’elle…
Comme tant de femmes de l’Évangile, la femme adultère est également une figure de l’Église sauvée des affres du péché et du pouvoir du démon, qui nous accuse jour et nuit devant Dieu (Ap 12), pour être purifiée et guérie de ses blessures… et devenir même l’épouse immaculée de l’Agneau. Les Pères de l’Église ont souvent décrit la « casta meretrix » (prostituée chaste, Saint Ambroise) que sont les peuples païens arrachés à leurs idoles pour s’unir au Seigneur. Ainsi par exemple saint Jérôme :
« Que dirai-je encore de cette prostituée que le prophète Osée prit pour femme ? Elle était la figure des gentils, dont le Fils de Dieu a formé son É glise ; ou, pour parler plus conformément au sens du prophète, elle était la figure de la synagogue, qui d’abord fut tirée, en la personne d’Abraham et par le ministère de Moïse, du milieu d’un peuple idolâtre, et qui, après avoir outragé son Dieu et refusé de reconnaître son sauveur, devait être longtemps sans autel sans prêtres et sans prophètes, attendant le retour de son premier époux, ‘afin que la multitude des nations entrât dans l’ É glise, et qu’ainsi tout Israël fût sauvé’ (Ro 11,25). » [4]
L’autre rencontre est celle de Jésus avec les docteurs de la Loi. Eux n’ont pas été amenés à Jésus de force, ils s’imposent, interrompent l’enseignement de Jésus et se mettent en situation de lui donner eux-mêmes une leçon sur la Loi, en inversant les rôles. Leur premier péché est donc l’arrogance. Le second est l’hypocrisie, car la femme leur sert de prétexte. Leur but réel n’est pas l’application de la Loi, encore moins la conversion de la femme, mais la chute de Jésus. Enfin, en traînant cette femme publiquement devant Jésus et en demandant sa mort sans égard pour sa personne, ils montrent leur dureté de cœur. Dureté de cœur sélective au demeurant. La femme est bien là mais où se trouve son complice ? La Loi ordonnait bien de les lapider tous deux (Lv 20,10)…
Et puis il y a leur péché individuel, et Jésus qui lit dans les cœurs ne saurait l’ignorer. Voici comment Mauriac en parle :
« Les plus vieux d’abord [s’en allèrent]… cette fois-ci il leur imposait à tous une grâce de lucidité. Ses ennemis connaissaient le pouvoir qu’il détenait de lire dans les cœurs. Chacun sentit bouger en lui l’acte secret qu’il cachait aux regards depuis des années, l’habitude, la chose honteuse. Si le Nazaréen se mettait à crier soudain : ‘Et toi, là-bas ? tu ne t’en vas pas ? Que faisais-tu donc hier, à telle heure, en tel lieu ?’ » [5]
Ce péché, eux ne veulent pas le voir, cela les abaisserait au même niveau que la femme. Jésus leur dira un peu plus loin : « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché. Mais vous dites : ‘Nous voyons !’ Votre péché demeure. » (Jn 9,41). Jésus reste assis et silencieux, les yeux baissés, par respect pour eux aussi, les invitant à un retour sur eux-mêmes. Ils ne saisissent pas cette occasion de prise de conscience et de conversion, mais pressent Jésus de leur répondre. De leur part, il n’y a ni humilité ni repentir, et Jésus ne peut exercer la miséricorde. Il se lève, en position d’autorité, et à ceux qui prétendent juger il oppose le jugement de Dieu ; « celui d’entre vous qui est sans péché »… ce qui signifie indirectement : « vous ici vous êtes tous pécheurs ».
Extraordinaire réponse : Il entre dans leur logique – la justice fondée sur la Loi – et la pousse jusqu’à ses dernières conséquences. Qui peut se dire juste ? Saint Paul soulignait l’exigence infinie et impossible : « De nouveau je l’atteste à tout homme qui se fait circoncire : il est tenu à l’observance intégrale de la Loi » (Ga 5,3). La Loi elle-même se retourne contre eux. Tout un édifice légal et religieux qui s’effondre par la Parole d’un Prophète, comme la statue que Nabuchodonosor voit en rêve et qui est abattue par une pierre (cf. Dn 2,34)…
Pourquoi sont-ils partis ? Probablement par peur de ce prophète qui lit dans les cœurs, pour qu’il ne révèle leurs fautes cachées, comme eux-mêmes avaient exposé publiquement la femme adultère. Par orgueil aussi : ils ont accusé le coup mais ne souhaitent pas se repentir. Le récit nous dit alors qu’ils s’en allèrent, « ἐξήρχοντο, exerkonto », terme qui résonne différemment du simple « va » (poreuou) adressé à la femme. Le verbe grec signifie qu’ils s’éloignent, sortent de la scène, alors que la femme s’est mise en route. Ils ont manqué cette fois l’occasion de rencontrer la miséricorde et d’amorcer une vie nouvelle. Mais la vérité a resplendi : on peut imaginer que certains d’entre eux, par la suite, se sont convertis grâce à cette réplique à l’effet « boomerang ».
La deuxième lecture : le salut par la foi (Ph 3)
L’opposition entre la douceur du Christ et la Loi de Moïse, portée à son paroxysme dans cet épisode, apparaît aussi dans la Lettre de saint Paul aux Philippiens. Paul évoque « tous les avantages que j’avais autrefois » (v.8) et qu’il a tenus pour rien en comparaison du Christ. Ces avantages étaient directement liés à la Loi, et Paul les a énumérés au début du chapitre : la circoncision, la naissance comme « Hébreu fils d’Hébreux », le zèle infatigable et la considération qui s’attachait à tout pharisien honnête cherchant sincèrement à appliquer la Loi… Paul était en effet « quant à la justice que peut donner la Loi, un homme irréprochable » (v.6). C’est exactement la conviction des scribes de l’évangile !
D’où la classique opposition, chez Paul, entre la « justice venant de la Loi », et celle « qui vient de la foi au Christ » : ce n’est pas l’homme qui se sanctifie par la pratique de la Loi, c’est le Christ qui sauve l’homme pécheur qui s’en remet à sa grâce… Pour Paul, tout est basé sur la « puissance de sa résurrection » (v.10), qui est comme une gigantesque explosion nucléaire qui balaie tout sur son passage. Le « souffle » du mystère pascal a rejoint saint Paul, l’a converti sur le chemin de Damas, et le transforme en alter Christus.
C’est le sens du verbe « saisir » (καταλαμβάνω, catalambanô) : « Je poursuis ma course pour tâcher de saisir, puisque j’ai moi-même été saisi par le Christ Jésus » (v.12). C’est le même terme que celui employé dans l’évangile pour dire de la femme qu’elle a été « prise » en flagrant délit d’adultère. Elle avait été saisie par la haine des hommes ; Paul a été « saisi » par l’amour de Jésus (forme passive), qui l’a rejoint dans sa misère, et il n’a d’autre désir que de vivre en plénitude le mystère pascal (forme active). Il s’agit d’une véritable identification avec le Maître : « communier aux souffrances de sa Passion, devenir semblable à lui dans sa mort… » (v.10).
Paul a donc complètement changé de vie : il était autrefois semblable aux scribes et pharisiens de l’évangile, fiers de leur justice ; il s’est retrouvé dans la position de la femme adultère, jeté à terre par le poids de sa faute sur le chemin de Damas, puis relevé et sauvé par le Christ. Comme Paul, chacun de nous , comme la femme adultère, peut se reconnaître saisi par le Christ et se remettre en marche grâce à sa miséricorde : « oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant… »
La première lecture : oracle d’Isaïe (Is 43)
Le prophète Isaïe avait déjà invité Israël à cette attitude tournée vers la nouveauté de l’Esprit : « Ne faites plus mémoire des événements passés, ne songez plus aux choses d’autrefois » (Is 43,18). Une invitation proprement révolutionnaire à son époque, puisque l’Antiquité, contrairement à notre époque, honorait surtout les réalités du passé, et voyait les nouvelles avec suspicion. Le Peuple vivait de la mémoire des hauts faits de Dieu, qu’il célébrait dans son culte ; c’est la spiritualité du Deutéronome : « Rappelle-toi les jours d’autrefois, considère les années, d’âge en âge. Interroge ton père, qu’il te l’apprenne ; tes anciens, qu’ils te le disent » (Dt 32,7).
En ouverture de l’oracle, Isaïe se place dans cette tradition de la mémoire : c’est le Dieu puissant de l’Exode qui parle ( lui qui fit un chemin dans la mer, v.16), qui a triomphé des armées du Pharaon (v.17). Un Dieu tout-puissant pour un Peuple vainqueur, donc. Mais cette conception est remise en cause par l’Exil à Babylone : si nos ennemis nous ont anéantis et déportés, où était le Seigneur des Armées ? Isaïe invite donc à attendre un nouvel Exode, en s’appuyant sur un autre épisode de la sortie d’Egypte, lorsque Dieu fit jaillir l’eau de la roche : « Lui qui dans un lieu sans eau a fait pour toi jaillir l’eau de la roche la plus dure » (Dt 8,15).
Le retour de Babylone à Jérusalem, que le Peuple en Exil devrait désirer de tout son cœur, est décrit selon cette métaphore : le « chemin dans le désert » est celui du rapatriement, le Peuple reviendra à la vie grâce à l’eau en abondance, « parce que j’aurai fait couler de l’eau dans le désert, des fleuves en lieux arides, pour désaltérer mon peuple »(Is 43,20). Dans la Ville sainte et son Temple, il pourra rendre à Dieu le culte qu’Il mérite : « ce peuple que je me suis façonné redira ma louange. » (v.21).
Le psaume 125, que nous proclamons à la messe, célèbre lui aussi la joie enivrante du retour : « nous étions comme en rêve ; notre bouche était pleine de rires et nos lèvres de chansons… » Il reprend aussi le thème de l’eau abondante : « ramène, Seigneur, nos captifs comme les torrents au désert ». Quelle est cette eau ? Le chapitre 44 d’Isaïe l’explicite :
« Car je vais répandre de l’eau sur le sol assoiffé et des ruisseaux sur la terre desséchée ; je répandrai mon esprit sur ta race et ma bénédiction sur tes descendants » (Is 44, 3).
L’eau annoncée par Isaïe est donc l’Esprit-Saint qui, après la résurrection, sera déversé sur les croyants grâce à la Passion de Jésus :
« Si quelqu’un a soif qu’il vienne à moi et qu’il boive celui qui croit en moi ! Comme dit l’Ecriture : de son cœur couleront des fleuves d’eau vive. En disant cela, il parlait de l’Esprit-Saint qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui » (Jn 7, 37-39).
Isaïe se dresse comme un voyant qui perçoit une nouvelle réalité, une lumière qui perce dans les ténèbres de l’histoire. C’est l’avènement du Messie et la création nouvelle dans le Christ. C’est la nouveauté de l’agir divin qui transparaît dans les différentes lectures, provoquant conversion ou résistance, comme le soulignait saint Jean-Paul II :
« Jésus est une nouveauté de vie pour celui qui lui ouvre son cœur et, reconnaissant son propre péché, accueille sa miséricorde qui sauve. Dans la page de l’Évangile d’aujourd’hui, le Seigneur offre ce don d’amour à la femme adultère, qui est pardonnée et qui retrouve sa pleine dignité humaine et spirituelle. Il l’offre également à ses accusateurs, mais leur esprit reste fermé et imperméable. » [6]
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[1] Jean-Paul II, Homélie, 1er avril 2001, disponible ici.
[2] Saint Jean-Paul II, Audience générale, 9 août 2000, disponible ici.
[3] François Mauriac, Vie de Jésus, Flammarion 1936, p.150.
[4] Saint Jérôme, Sur la viduité, in Œuvres de saint Jérôme, éd. Auguste Desrez (1838), p. 318.
[5] François Mauriac, Vie de Jésus, Flammarion 1936, p.150.
[6] Saint Jean-Paul II, Homélie, 1er avril 2001, disponible ici.
