lecture

Le second dimanche du Carême est traditionnellement placé sous le signe de la Transfiguration. Jésus nous a montré, la semaine dernière, comment vaincre les tentations qui ne manquent pas sur notre route. Cette semaine, il nous emmène sur la montagne pour nous introduire à l’intimité avec Dieu. Comme l’écrit le pape François :

« Aujourd’hui l’Évangile nous présente l’événement de la Transfiguration. C’est la seconde étape du chemin du Carême : la première, les tentations dans le désert, dimanche dernier ; la seconde : la Transfiguration. Jésus ‘prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il les emmène à l’écart, sur une haute montagne’ (Mt 17, 1). La montagne, dans la Bible, représente le lieu de la proximité avec Dieu et de la rencontre intime avec Lui ; le lieu de la prière, où demeurer en présence du Seigneur. » [1]

La première lecture : alliance avec Abram (Gn 15)

La première lecture, Genèse 15, nous plonge dans le drame personnel d’Abraham et nous montre sa réaction de foi. Par manque de place, la liturgie a raccourci le texte (les versets 13-16 sont omis) ; il faut aussi le replacer dans le contexte général du livre pour mieux le comprendre.

Abraham s’appelle encore Abram (cf. Gn 17), il est très riche et puissant, puisqu’il vient de sauver son neveu Lot et de recevoir la bénédiction du roi-prêtre Melchisédech (Gn 14). Mais il n’a pas de descendant, et c’est un serviteur qui héritera de tous ses biens. C’est pour lui une grande frustration et une immense souffrance. Le Seigneur le visite alors à travers plusieurs visions ; il lui promet une descendance, et l’assure que cette descendance héritera de la Terre Sainte. Cette promesse comble Abram qui, tout au long de ces chapitres, manifeste la tristesse d’un « errant sans descendance ».

Viendront ensuite la naissance de deux fils, Ismaël et Isaac (Gn 16-18), et l’épreuve de la paternité (sacrifice d’Isaac, Gn 22). L’itinéraire d’Abraham, au long de ces chapitres, est celui d’une croissance dans la foi : il est le premier patriarche à recevoir explicitement la promesse de Dieu de se lier à une terre, Canaan, et à un peuple, les Hébreux.

Les versets omis par la liturgie (Gn 15,13-16) soulignent cet aspect en proposant un petit résumé de l’Exode. La foi d’Abram est réponse à l’appel de Dieu, comme notre lecture le souligne : « Abram eut foi dans le Seigneur, et le Seigneur estima qu’il était juste » (15,6). C’est ce que le Catéchisme, citant l’Ecriture, synthétise ainsi :

« Abraham réalise ainsi la définition de la foi donnée par l’épître aux Hébreux : ‘La foi est la garantie des biens que l’on espère, la preuve des réalités qu’on ne voit pas’ (He 11, 1). ‘Abraham eut foi en Dieu, et ce lui fut compté comme justice’ (Rm 4, 3 ; cf. Gn 15, 6). Grâce à cette ‘foi puissante’ (Rm 4, 20), Abraham est devenu ‘le père de tous ceux qui croiraient’ (Rm 4, 11. 18 ; cf. Gn 15, 5). » [2]

Mais la foi d’Abraham n’est pas une vague adhésion intérieure sans manifestation extérieure : une vraie rencontre a lieu et un dialogue s’établit, où le Seigneur demande de préparer un sacrifice d’animaux pour concrétiser la relation de confiance mutuelle. Les animaux sont ceux qui sont mentionnés dans les rites du Lévitique (cf. Lv 1). Abram doit les partager en deux et les disposer de part et d’autre, selon la manière antique de conclure une alliance. Les deux partenaires, en général deux rois, passaient ensemble au milieu des animaux en s’engageant à respecter le traité, sous peine d’encourir le même sort que les victimes… Jérémie se rappelle ce rite : « Et ces hommes qui ont trahi mon alliance, qui n’ont pas observé les termes de l’alliance conclue par eux en ma présence, je vais les rendre pareils au veau qu’ils ont coupé en deux pour passer entre ses morceaux. » (Jr 34,18).

C’est pourquoi le texte mentionne « un brasier fumant et une torche enflammée », qui symbolisent la présence de Dieu, comme plus tard la « colonne de nuée » lors de l’Exode (Ex 13), ou encore lors de la dédicace du Temple :

« Quand les prêtres sortirent du sanctuaire, la nuée remplit la maison du Seigneur et, à cause d’elle, les prêtres durent interrompre le service divin : la gloire du Seigneur remplissait la maison du Seigneur ! » (1R 8, 10-11)

Nous retrouverons cette nuée sur la montagne de la Transfiguration (Lc 9). Le Seigneur, par cette théophanie de Gn 15, s’engage donc solennellement, dans un langage compréhensible pour Abram, à accomplir le terme de l’alliance (ברית, berit), qui est ici plutôt une promesse gratuite : rien n’est encore demandé à Abram en retour.

Enfin, Abram reçoit une vision de l’avenir dans le « sommeil mystérieux » (תרדמה, tardemah), un terme qui reprend celui de Genèse 5, lors de la création d’Eve à partir de la côte d’Adam endormi, et qui évoque l’action de Dieu au-delà de la conscience de l’homme. Rappelons que le terme « gloire » (כבוד, kavod), signifie également « lourd » en hébreu On retrouve ces deux notions dans l’Evangile : « ils étaient accablés de sommeil ».

La promesse faite à Abram porte sur le sort de sa descendance (l’Égypte puis l’Exode), que les versets 13 à 16 avaient détaillé. Les chapitres suivants de la Genèse montreront le début de l’accomplissement de ces promesses par la naissance d’Isaac, et le livre de l’Exode la réalisation du songe du Patriarche : « à la quatrième génération ils reviendront ici… » (Gn 15,16).

L’évangile : la Transfiguration (Lc 9)

L’évangile nous présente la Transfiguration (Lc 9), même si Luc n’utilise pas le mot de « transformation » (μεταμορφοω, metamorfoô), comme Matthieu et Marc. Il note seulement l’altération du visage de Jésus : « l’aspect de son visage devient autre » (ἓτερον, eteron) ; et son vêtement qui devient « éblouissant de blancheur » (Lc 9,28). Les deux personnages qui apparaissent alors, Moïse et Elie, avaient eux aussi vécu une expérience profonde de Dieu sur la montagne, au cours de laquelle leur visage fut mentionné : « Moïse ne savait pas que la peau de son visage rayonnait parce qu’il avait parlé avec lui » (Ex 34,29). De son côté, Elie rencontrant Dieu à l’Horeb, s’est couvert le visage : « Aussitôt qu’il l’entendit, Élie se couvrit le visage avec son manteau, il sortit et se tint à l’entrée de la caverne » (1 R 19, 13).

Saint Luc est le seul des évangélistes à préciser un point important : Moïse et Élie parlent avec Jésus de son « départ » (ἐξοδος, exodos ) à Jérusalem. La parole est assez banale en grec, signifiant « sortie » ; mais dans le contexte biblique, avec la présence de Moïse, il ne fait aucun doute que l’évangéliste pense au récit de la sortie d’Egypte. Une clé théologique essentielle nous est ainsi fournie : ces trois personnages considèrent le mystère de la Passion, mort et Résurrection de Jésus comme un nouvel Exode : le Christ, nouveau Moïse, va traverser l’épreuve de l’humiliation et de la mort –une nouvelle mer rouge – pour entrer dans une vie nouvelle – la Terre promise, et y faire passer tout le peuple élu derrière lui.

Ce que vivent « Pierre et ses compagnons » ressemble à l’expérience d’Abram en première lecture : le sommeil accablant, la nuée qui survient, et la voix divine qui dévoile le sens des événements. Le Catéchisme explique ces symboles par lesquels l’Esprit Saint se manifeste:

« La nuée et la lumière. Ces deux symboles sont inséparables dans les manifestations de l’Esprit Saint. Dès les théophanies de l’Ancien Testament, la Nuée, tantôt obscure, tantôt lumineuse, révèle le Dieu vivant et sauveur, en voilant la transcendance de sa Gloire : avec Moïse sur la montagne du Sinaï (cf. Ex 24, 15-18), à la Tente de Réunion (cf. Ex 33, 9-10) et durant la marche au désert (cf. Ex 40, 36-38 ; 1 Co 10, 1-2) ; avec Salomon lors de la dédicace du Temple (cf. 1 R 8, 10-12). Or ces figures sont accomplies par le Christ dans l’Esprit Saint. C’est Celui-ci qui vient sur la Vierge Marie et la prend  » sous son ombre  » pour qu’elle conçoive et enfante Jésus (Lc 1, 35). Sur la montagne de la Transfiguration, c’est lui qui  » survient dans la nuée qui prend sous son ombre  » Jésus, Moïse et Élie, Pierre, Jacques et Jean, et  » de la nuée sort une voix qui dit : ‘Celui-ci est mon Fils, mon Élu, écoutez-le’  » (Lc 9, 34-35). C’est enfin la même Nuée qui  » dérobe Jésus aux yeux  » des disciples le jour de l’Ascension (Ac 1, 9) et qui le révélera Fils de l’homme dans sa Gloire au Jour de son Avènement (cf. Lc 21, 27). » [3]

La voix divine n’intervient directement que deux fois dans l’évangile de Luc : lors du baptême au Jourdain (Lc 3,22), et lors de la Transfiguration, répétant le même message (mon Fils bien-aimé). Mais cette désignation est à la seconde personne (tu es) lors du baptême, car c’est un événement qui concerne le Christ qui n’est pas encore entouré de disciples ; elle est formulée à la troisième personne sur le Thabor ( celui-ci est), parce que l’événement est une révélation pour les trois Apôtres. D’où l’ajout très significatif : « Écoutez-le ! ». Les disciples ont reconnu Jésus comme prophète (Lc 4-9), puis comme « Christ », c’est-à-dire Messie (cf. Lc 9,20), ils sont maintenant introduits dans le mystère profond de sa filiation divine, accomplissant la promesse de Jésus qui précède immédiatement la Transfiguration : « Je vous le dis vraiment, il en est de présents ici même qui ne goûteront pas la mort, avant d’avoir vu le Royaume de Dieu » (9,27).

Un commentaire du pape François nous introduit à un autre aspect de la scène :

« De cet épisode de la Transfiguration je voudrais souligner deux éléments significatifs, que je synthétise en deux mots : montée et descente. Nous avons besoin d’aller à l’écart, de monter sur la montagne dans un espace de silence, pour nous trouver nous-mêmes et mieux percevoir la voix du Seigneur. C’est ce que nous faisons dans la prière. Mais nous ne pouvons pas rester là! La rencontre avec Dieu dans la prière nous pousse à nouveau à « descendre de la montagne » et à retourner en bas, dans la plaine, où nous rencontrons tant de frères qui ploient sous les peines, les maladies, les injustices, l’ignorance, la pauvreté matérielle et spirituelle. » [4]

On peut en effet distinguer trois moments dans cette scène évangélique : (1) Un mouvement ascendant tout d’abord. Jésus prend avec lui les trois disciples les plus proches – ceux qui seront à Gethsémani – et gravit la montagne. Son apparence est transformée et il apparaît en présence de Moïse et d’Élie, « dans la gloire », celle qui était la sienne « auprès de Dieu avant que le monde soit » (Jn 17,5). Les apôtres, qui viennent de confesser qu’il est le Messie (Lc 9,20), sont donc invités à assister à ce dialogue étonnant : ils doivent dépasser les apparences, découvrir la divinité de Jésus, pour être introduits dans le mystère de son « départ » à Jérusalem .

(2) Sur ce sommet « mystique », où les trois disciples sont écrasés de sommeil, Pierre essaie toutefois d’entrer dans la scène… malgré sa maladresse, sa présence est très importante, puisqu’il transmettra son expérience à l’Église (cf. 2Pi 1,18 : « nous étions avec lui sur la montagne sainte »). C’est à ce rôle que se réfère Luc lorsqu’il ouvre son évangile en mentionnant « ceux qui furent dès le début témoins oculaires » (Lc 1,2).

(3) Enfin, la voix divine qui surgit de la nuée, rappelant l’expérience du Sinaï (Ex 24), amorce un mouvement descendant : Dieu désigne son Fils qui se retrouve seul ;les disciples redescendent avec lui de la montagne… À la fin du passage, le centre de l’attention se détourne de Jésus vers les disciples : par cette expérience sur la montagne, ils ont été, eux aussi, profondément transformés. Ils ont perçu, au-delà des apparences, le mystère de la personne de Jésus. Ils deviennent des témoins, mais il faudra attendre le don de l’Esprit à la Pentecôte pour que cette transformation soit complète et qu’il comprenne le sens de cet événement. C’est pourquoi ils « gardèrent le silence en ces jours-là » (v.36).

La deuxième lecture : notre patrie est dans les cieux (Ph 3)

Ce rôle de témoignage est repris par saint Paul dans sa lettre aux Philippiens. Comme Pierre dans l’Église primitive, il apostrophe les chrétiens pour leur faire abandonner le monde avec ses séductions et adhérer au mystère du Christ. Il bâtit son propos sur une opposition : d’un côté, le comportement dévoyé d’une civilisation en crise ( leur dieu, c’est leur ventre), qui ne veut pas recevoir le message du Salut : « ils se conduisent en ennemis de la croix du Christ » (Ph 3,18), parce qu’ils sont pris par leurs vices et qu’« ils ne pensent qu’aux choses de la terre ».

De l’autre, la communauté des chrétiens qui mettent leur espoir dans le Seigneur Jésus : ils sont « citoyens des cieux », en attente de la grande transformation qu’opèrera le Christ à la fin des temps. C’est une expression que la célèbre Lettre à Diognète (fin du IIème siècle) reprend pour décrire les chrétiens :

« [Les chrétiens] sont dans la chair, mais ils ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais ils sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies, et leur manière de vivre est plus parfaite que les lois. Ils aiment tout le monde, et tout le monde les persécute. On ne les connaît pas, mais on les condamne ; on les tue et c’est ainsi qu’ils trouvent la vie. Ils sont pauvres et font beaucoup de riches. Ils manquent de tout et ils tout en abondance. On les méprise et, dans ce mépris, ils trouvent leur gloire. On les calomnie, et ils y trouvent leur justification. On les insulte, et ils bénissent. On les outrage, et ils honorent. Alors qu’ils font le bien, on les punit comme des malfaiteurs. Tandis qu’on les châtie, ils se réjouissent comme s’ils naissaient à la vie. Les Juifs leur font la guerre comme à des étrangers, et les Grecs les persécutent ; ceux qui les détestent ne peuvent pas dire la cause de leur hostilité. En un mot, ce que l’âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde. » [5]

Le lien entre la lettre de saint Paul et la Transfiguration est double : (1) comme Pierre entendant Moïse et Élie, Paul nous invite à entrer dans le mystère de l’exode de Jésus (sa Croix), en élevant notre regard vers la « sainte montagne ». (2) Jésus nous donnera de le suivre en accomplissant notre propre « Transfiguration » à la fin des temps, comme le dit saint Paul : « Lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux » (Phi 3,21).

La Transfiguration du Christ est en effet, outre une révélation, une triple prophétie : de son propre corps glorieux donné par le Père lors de la résurrection ; de son Église comme son « corps mystique », elle aussi appelée à la gloire ; de chaque homme, invité découvrir la paternité aimante de Dieu, pour renaître à une existence nouvelle jusque dans sa chair.

C’est ce que le voyant de Patmos décrit: « En esprit, il m’emporta sur une grande et haute montagne ; il me montra la Ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu : elle avait en elle la gloire de Dieu ; son éclat était celui d’une pierre très précieuse, comme le jaspe cristallin » (Ap 21, 10-11).Cette perspective illumine notre Carême. Écoutons Benoît XVI :

« La Transfiguration nous rappelle que les joies semées par Dieu dans nos vies ne sont pas des points d’arrivée, mais des lumières qu’Il nous donne pour notre pèlerinage terrestre, afin que ‘Jésus seul’ soit notre Loi et que sa Parole soit le critère qui guide notre existence. » [6]

Le Psaume : Le Seigneur est ma lumière et mon salut (Ps 27)

La liturgie nous propose des extraits du Psaume 27 ( Le Seigneur est ma lumière et mon salut)qui reprennent l’ensemble des éléments des Écritures de ce dimanche. Les textes illustrent les actions de Dieu pour Abraham, pour les disciples et pour saint Paul… Le psalmiste se joint à eux pour exprimer leur désir profond : au milieu de la détresse (Pitié ! Réponds-moi !), ils veulent voir le visage de Dieu (c’est ta face, Seigneur, que je cherche) et recevoir de Lui la sécurité définitive (sur la terre des vivants).

C’est ainsi qu’Abraham, meurtri par la stérilité, reçoit, au cours d’une expérience mystique où Dieu se révèle à lui, la Promesse d’une terre et d’une descendance. C’est ainsi que le visage de Jésus « devient autre » faisant progresser ses disciples dans la révélation de sa personne. Saint Pierre s’en trouve si bien qu’il voudrait planter sa tente sur cette « terre des vivants ». Et c’est ainsi que saint Paul est tout entier tendu vers les cieux : au milieu des tribulations de l’Eglise et de notre vie (tenez bon dans le Seigneur…), nous attendons que le Christ « transforme nos pauvres corps », pour pouvoir enfin le contempler face à face…

Ce désir qui anime le Psaume 27 est donc le nôtre pendant la période de Carême, comme nous l’explique le pape Benoît XVI :

« Le temps du Carême est pour chacun de nous un temps de conversion, de recueillement et de retour vers Dieu. En ce dimanche où la liturgie nous conduit avec Jésus sur la montagne de la transfiguration, à la suite des apôtres Pierre, Jacques et Jean, accueillons en nos cœurs la lumière dont resplendit le visage de Jésus. Alors nous pourrons contribuer à transfigurer le visage de notre monde. » [7]

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[1] Pape François, Angelus du 16 mars 2014.

[2] Catéchisme, nº146.

[3] Catéchisme, nº697.

[4] Pape François, Angelus du 16 mars 2014.

[5] Lettre à Diognète, nº5-6 (édition de Funk, 1,317-321), disponible sur le site du Vatican.

[6] Benoît XVI, Angélus du 28 février 2010, disponible ici.

[7] Benoît XVI, Angélus du 8 mars 2009, disponible ici.


La Transfiguration (Raphaël)

La Transfiguration (Raphaël)


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