lecture

Les lectures de ce dimanche nous montrent comment Jésus, au seuil de sa vie publique, a éprouvé ce que le Peuple d’Israël avait vécu au désert, au seuil de la Terre promise ; c’est ce que nous traversons nous aussi pour accéder à la vie selon l’Esprit : la lutte contre les tentations. Notre lourdeur terrestre peut nous empêcher d’y parvenir. C’est un véritable combat, exigeant et souvent douloureux qu’il nous faut accepter : n’oublions pas cette dimension militante de notre vie chrétienne, que le pape Benoît XVI présentait ainsi :

« Le Carême nous rappelle que l’existence chrétienne est une lutte sans relâche, au cours de laquelle sont utilisées les ‘armes’ de la prière, du jeûne et de la pénitence. Lutter contre le mal, contre toute forme d’égoïsme et de haine, et mourir à soi-même pour vivre en Dieu représente l’itinéraire ascétique que tout disciple de Jésus est appelé à parcourir avec humilité et patience, avec générosité et persévérance. » [1]

Nous sommes marqués par le péché d’Adam, faibles et pauvres. La première lecture nous le rappelle : « mon père était un Araméen nomade qui descendit en Egypte, il y vécut en immigré avec son petit clan ». Un portrait du croyant pauvre et errant spirituel, au milieu d’un monde païen, qui exerce sur lui sa fascination. Les Pères ont aimé mettre en parallèle la victoire de Jésus contre Satan avec la défaite d’Adam, ainsi saint Grégoire le Grand :

« De la même manière dont il [Satan] avait terrassé le premier homme, de la même manière, face au second Adam, il eut le dessous. Il le tente par la gourmandise, lorsqu’il lui dit : ‘Dis que ces pierres deviennent des pains’. Il le tente par la vaine gloire, lorsqu’il lui dit : ‘Si tu es Fils de Dieu, jette-toi d’en haut’. Il le tente par la cupidité des grandeurs, lorsqu’il lui montre tous les royaumes de la terre, en lui disant: ‘Tout cela, je te le donnerai, si tu te prosternes à mes pieds et si tu m’adores’. Mais, de la manière même dont il se glorifie d’avoir vaincu le premier homme, il est vaincu par le second ; ainsi il sortirait vaincu de notre cœur par le chemin même par lequel il s’y était introduit pour nous assujettir. » [2]

Mais la victoire du Christ nous précède et nous accompagne : s’il a vaincu Satan lors de son séjour terrestre, c’est non seulement pour nous donner un exemple, mais surtout pour nous entraîner dans sa victoire. Par le baptême, nous sommes incorporés à son Royaume et pouvons trouver refuge sous ses ailes pour vaincre l’Adversaire. Il vient alors mener lui-même en nous ce combat contre le mal.

L’inévitable combat

Comment laisser le Christ vaincre les tentations en nous, comment nous associer à sa victoire sur Satan ?

L’attitude de Jésus est très instructive : face à la tentation, c’est la confiance envers son Père qui remporte la victoire ; une confiance qui s’appuie sur la Parole de Dieu. Il nous faut donc connaître cette Parole, comme Jésus qui la citait par cœur, et l’adopter comme référence bien au-dessus de nos habituelles références humaines, si pauvres et réductrices. Elle est ce « glaive à deux tranchants » (Heb 4,12) qui pourfend les desseins diaboliques… Le pape François l’exprimait ainsi :

« Remarquez bien comment Jésus répond. Il ne dialogue pas avec Satan, comme Ève l’avait fait au paradis terrestre. Jésus sait bien qu’avec Satan on ne peut pas dialoguer, parce qu’il est très malin. C’est pourquoi, au lieu de dialoguer, comme Ève l’avait fait, Jésus choisit de se réfugier dans la Parole de Dieu, et il répond avec la force de cette Parole. Souvenons-nous de cela: au moment de la tentation, de nos tentations, pas d’argumentation avec Satan, mais toujours se défendre avec la Parole de Dieu ! » [3]

Un maître spirituel du XVIème siècle, Lorenzo Scupoli (religieux italien théatin), a consacré au thème de la tentation un ouvrage célèbre intitulé Le Combat spirituel qui était le livre de chevet de St François de Sales. Il y donne quatre conseils principaux :

  • La méfiance à l’égard de soi-même qui s’obtient par la connaissance de notre propre faiblesse, l’habitude de ne pas nous fier à nos propres jugements et inclinations, la méditation des fautes et chutes passées.
  • La confiance en Dieu, obtenue par la prière de demande et la méditation de l’omnipotence de Dieu et sa bonté infinie ;
  • La prière sous ses diverses formes: oraison mentale (élévation de l’âme vers Dieu), méditation de la vie de Jésus et tout particulièrement de sa Passion, demande d’intercession de Marie, des anges et des saints, participation à l’Eucharistie, offrande de soi, examen de conscience.
  • L’exercice de l’intelligence et de la volonté ; il suppose, pour l’intelligence, la lutte contre l’ignorance qui obscurcit la vérité et le rejet de la curiosité ; pour la volonté, le désir de toujours à plaire à Dieu et de livrer combat chaque jour contre ce qui lui déplaît :

« Le matin de bonne heure, le soldat du Christ doit descendre sur le champ de bataille. À peine éveillé, la première chose que tes yeux intérieurs devront contempler sera ton âme enfermée dans une clôture avec cette loi : qui n’y combat pas y demeure mort pour toujours. » [4]

Les trois tentations de Jésus nous permettent de démasquer la dynamique de la séduction diabolique, et de suivre le Christ dans sa victoire contre « toutes les formes de tentation » (Lc 4,13). Nous allons les considérer l’une après l’autre.

La tentation du pain

La première tentative du démon pousse le Christ à se centrer sur son besoin physique de nourriture, et à utiliser sa « puissance divine » non pas pour sauver les hommes, mais pour sortir d’un inconfort humain. Il est évident que notre époque est très vulnérable à ce genre d’argument, puisque nos sociétés ne promeuvent que santé, bien-être, confort et richesse, au détriment de la dimension spirituelle de l’existence… L’écrivain Julien Green, qui en savait long sur le sujet, écrivait ainsi :

« Nous ne comprenons rien à cette vie, parce qu’il y a quelque chose de faussé dans la création. Nous mettons presque tous nos soins à veiller sur le bien-être et la conservation de notre corps, pareils à des fous qui s’imagineraient que tout leur bonheur dépend du bon état d’un costume. Notre civilisation semble édifiée tout entière autour de cette idée prodigieuse que si le corps est heureux, tout est bien. De là vient l’intolérable souffrance d’un monde fasciné par l’erreur. Il vit un cauchemar sans se rendre compte que le vrai bonheur est à la fois en lui-même et au-delà de lui-même… » [5]

Aujourd’hui, nous devons donc répéter fortement avec Jésus que « l’homme ne vit pas seulement de pain », pour ne pas tomber dans les pièges de Satan. La faim peut se faire cruellement sentir : les consolations humaines sont rares, le travail d’évangélisation est dur, l’incompréhension s’étend autour de nous comme un manteau d’obscurité… Alors, satisfaire les faims biologiques et matérielles peut offrir un réconfort temporaire ; c’est plus attirant que de livrer le combat libérateur qui fait jaillir en nous la vraie vie. De nombreuses illusions nous guettent, dans lesquelles nous voudrions mettre notre sécurité. Un réflexe tellement humain… que Paul VI décrivait lucidement :

« L’homme est pécheur, il est mortel, il a en général l’illusion de posséder la vie et se trompe lui-même quand il met sa confiance dans les choses qu’il voit et qu’il possède, dans sa propre vitalité, dans sa propre santé. Vitalité et santé semblent ne pas avoir de fin et nous trahissent, à l’improviste, par la mort qui réduit au néant, en cendres, toute notre sécurité, toute notre richesse. » [6]

Nous savons aussi quel goût amer la satisfaction de ces faims peut laisser. L’issue ne peut être qu’un regard tourné vers le haut, un acte de foi en la Parole divine qui nous rétablisse en communion avec le Seigneur, rejette la tentation et rende à Dieu la première place dans notre vie.

La tentation de la gloire

La deuxième tentation nous interroge sur l’objet de nos espérances, de nos attentes, de nos espoirs humains… Le désir insatiable de gloire et d’honneurs, de reconnaissance publique et de triomphes professionnels, n’est-il pas à l’œuvre dans nos efforts et nos décisions ? Sans nous en rendre compte, c’est parfois la voix de Satan que nous suivons lorsqu’il nous promet le succès. Voire même le succès des œuvres d’Église et des institutions, que nous cherchons sous couvert d’une bonne intention de « contribuer au Règne de Dieu ». C’est là que le discernement s’impose pour ne pas nous laisser berner par l’Ennemi. Considérons les deux perspectives qui s’ouvrent à nous : suivre les promesses de Satan et nous laisser tromper par lui, jusqu’à tomber dans le désespoir ; ou nous fier à l’aide du Seigneur, malgré tous les échecs et épreuves de notre vie, pour grandir dans l’espérance.

La première voie est illustrée de manière paroxystique par l’histoire du siècle passé. Les dictateurs, dans leur quête effrénée de la gloire et du pouvoir, ont fait l’expérience amère de la trahison finale de Satan, qui les a abandonnés à leur sort non sans avoir provoqué le chaos et la mort autour d’eux.

À une échelle plus banale, combien de personnes avons-nous connues qui ont bâti leur vie sur la réussite professionnelle ou sociale et qui, pour quelques années de succès et de faste, sont arrivées aux portes de l’éternité pauvres de toute richesse humaine et spirituelle et parfois désabusées ?

Suis-je toujours en vérité face au Seigneur : dans mon service d’Église, est-ce que je me comporte comme un « serviteur inutile » (cf. Lc 17,10), qui accomplit humblement sa tâche en laissant la fécondité et la gloire à son Maître ? Quelle est ma réaction face aux flatteries et aux compliments ou, à l’inverse, à l’indifférence et à la critique ? Une mystique mexicaine, la bienheureuse Concepción Cabrera, a reçu de Jésus cette confidence sur une errance possible des prêtres :

« L’une des ruses dont use le Malin avec les prêtres, c’est que lorsque les gens rencontrent des âmes assez avancées, ils s’attachent à elles intérieurement, sous prétexte d’être enseignés par elles et de recevoir des avis divins. Voilà qui est fort dangereux car le Malin rend aveugle sur ce chemin-là ! Il fait prendre ce qui est tordu pour ce qui est droit, et dans beaucoup de directions spirituelles et de confessions, les prêtres jouent avec le feu et finissent par se brûler ! C’est une grande gloire qu’ils me ravissent alors, en devenant le but et non le moyen de la direction spirituelle par laquelle ils devraient conduire à moi et non vers eux-mêmes. Que les prêtres prennent garde à ne pas me voler des cœurs, à ne pas refroidir la ferveur des âmes, en mélangeant les choses spirituelles et les choses terrestres.» [7]

De même, si je suis laïque, l’autorité exercée en famille ou au travail est-elle au service de Dieu et du bien, ou pour ma propre gloire ? Il est fréquent de rencontrer des parents qui s’en prennent à leurs enfants lorsqu’ils choisissent des voies qu’eux-mêmes ne souhaitent pas, ou des employeurs qui n’apprécient leurs collaborateurs que pour la part qu’ils prennent à les mettre en valeur ; il y encore des personnes qui ne trouvent bonnes que leurs propres idées et ne s’intéressent qu’aux projets qu’ils peuvent diriger. Suis-je de ceux-là ?

En revanche, la deuxième voie est celle de l’humilité, lorsqu’on ne reconnaît comme souverain que le Seigneur de l’histoire, et que l’on accepte ses voies et ses desseins. Il nous promet et nous offre bien plus que « tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes », et nous élève à sa vie divine elle-même, la vie trinitaire qui est la vraie gloire. Nous n’en connaissons pas tout le chemin concret, mais le Seigneur nous guide et ne nous demande qu’un abandon quotidien pour mettre en œuvre ses desseins avec une efficacité surprenante. Au lieu du désespoir de la première voie, celle-ci conduit à la vraie joie par la voie de l’espérance que le Catéchisme décrit ainsi :

« Lorsque Dieu se révèle et appelle l’homme, celui-ci ne peut répondre pleinement à l’amour divin par ses propres forces. Il doit espérer que Dieu lui donnera la capacité de l’aimer en retour et d’agir conformément aux commandements de la charité. L’espérance est l’attente confiante de la bénédiction divine et de la vision bienheureuse de Dieu ; elle est aussi la crainte d’offenser l’amour de Dieu et de provoquer le châtiment. » [8]

L’abandon filial

Avec la troisième tentation, le diable essaie de mettre Jésus à l’épreuve dans sa relation filiale à Dieu, son Père ; mais le Christ refuse de « mettre à l’épreuve le Seigneur » (Lc 4,12). Il cite alors le Deutéronome : « Vous ne mettrez pas le Seigneur votre Dieu à l’épreuve, comme vous l’avez fait à Massa » (Dt 6,16). Il s’agit de l’épisode de Massa et Meriba, rapporté en Exode 17, lorsque pressé par le peuple qui ne croyait plus à la présence de Dieu, Moïse frappa le rocher pour en faire jaillir de l’eau :

« Il donna à ce lieu le nom de Massa (c’est-à-dire : épreuve) et Mériba (c’est-à-dire : querelle), parce que les fils d’Israël avaient cherché querelle au Seigneur, et parce qu’ils l’avaient mis à l’épreuve, en disant : ‘Le Seigneur est-il au milieu de nous, oui ou non ?’ » (Exode 17, 7)

De même, Satan essaie souvent de fausser notre relation avec Dieu, il nous fait douter de son amour et nous pousse à nous comporter comme des salariés pouvant exiger leur paye, ou des fils prodigues qui ont le droit de s’éloigner avec l’héritage… Nous sommes parfois tentés, dans le concret de notre vie, de revendiquer notre part d’indépendance et de soustraire tout un pan de notre vie à Dieu. C’est assez fréquent sur les questions d’argent où nous voulons rester les maîtres, ou sur les questions de morale personnelle lorsque l’enseignement chrétien peut nous sembler désuet ; ou encore dans le domaine de la charité lorsque nous fermons notre cœur à certaines personnes en leur refusant par exemple le pardon. Dans ces cas-là, nous pouvons être tentés de penser que les préceptes divins sont impraticables et contraires à notre bien. Nous nous affranchissons alors de la relation filiale.

Mais, comme les Hébreux au désert, c’est surtout au temps de l’épreuve, lorsque nous sommes le plus vulnérables, que le tentateur cherche à nous faire sortir de cette relation : un échec conjugal, une crise dans notre communauté religieuse, une épreuve professionnelle, une maladie, et nous doutons immédiatement de la présence de Dieu et de son amour pour nous. Nous perdons confiance en lui et l’accusons d’être contre nous. Il peut s’ensuivre une rupture de la relation nous conduisant à chercher nos appuis ailleurs, voire même à le renier.

L’épreuve est un obstacle qui vient tester la solidité de notre attachement filial. Très souvent Dieu peut alors nous sembler absent, indifférent à notre sort. Dans ces moments, restons fermes et opposons aux inévitables doutes la parole de Dieu : « tu es mon fils bien-aimé » ; ou d’autres passages de l’Ecriture comme celui-ci, au chapitre 43 d’Isaïe :

« Ne crains pas, car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi. Quand tu traverseras les eaux, je serai avec toi, les fleuves ne te submergeront pas. Quand tu marcheras au milieu du feu, tu ne te brûleras pas, la flamme ne te consumera pas… » (Is 43,1-2)

Face à l’épreuve qui peut sembler insupportable et interminable, essayons de garder intacte la confiance filiale. C’est alors le vrai moment de la foi, le moment de vérité, où nous sommes appelés à refuser de nous replier sur la douleur, pour scruter la promesse de Dieu qui se réalisera en son temps. Essayons alors de nous attacher encore plus à lui et à lui manifester notre confiance malgré les circonstances.

Les martyrs font ce choix, misant sur un salut qui ne surgit que de l’autre côté de cette vie. C’est ainsi également que Jésus est mort, éprouvant à la fois l’abandon et l’espérance en la promesse infaillible de Dieu.

Pour grandir dans la relation filiale qui nous permet de discerner la bonté de Dieu pour nous, l’obéissance est une voie royale. Obéissance à Dieu, obéissance au supérieur religieux, obéissance à mon état de vie si je suis laïque. C’est l’obéissance à son Père que Jésus a opposée aux suggestions de Satan, c’est l’obéissance de la foi qui maintient notre esprit dans un climat d’affection filiale envers Dieu. Voici l’enjeu de notre entrée en Carême, comme l’exprimait le pape Benoît XVI :

« L’obéissance docile au Maître divin fait des chrétiens des témoins et des apôtres de paix. Nous pourrions dire que cette attitude intérieure nous aide à mieux mettre en évidence également quelle doit être la réponse chrétienne à la violence qui menace la paix dans le monde. Certainement pas la vengeance, ni la haine, ni même la fuite vers un faux spiritualisme. La réponse de la personne qui suit le Christ est plutôt celle qui consiste à parcourir la voie choisie par Celui qui, devant les maux de son temps et de tous les temps, a embrassé de façon décidée la Croix, en suivant le chemin plus long mais efficace de l’amour. Sur ses traces et unis à Lui, nous devons tous nous engager en vue de lutter contre le mal par le bien, contre le mensonge par la vérité, contre la haine par l’amour. » [9]

Plutôt que d’élaborer de subtiles stratégies contre les tentations, nous pouvons ainsi suivre l’exemple de saint Paul : revenir à l’expression de notre foi et de notre piété filiale, par les gestes les plus simples, qui, peu à peu, nous construisent et nous fortifient intérieurement. Le Catéchisme nous offre une piste concrète, le signe de croix :

« Le chrétien commence sa journée, ses prières et ses actions par le signe de la croix, ‘au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Amen’. Le baptisé voue la journée à la gloire de Dieu et fait appel à la grâce du Sauveur qui lui permet d’agir dans l’Esprit comme enfant du Père. Le signe de la croix nous fortifie dans les tentations et dans les difficultés. » [10]

Voyons ce moyen si simple à l’œuvre chez une sainte de chez nous, la petite Bernadette, avec laquelle nous concluons cette méditation :

« Le signe de la croix de Bernadette se caractérisait par sa lenteur, son amplitude et le grand recueillement avec lequel elle l’effectuait. Ainsi, en prenant tout son temps, Bernadette élevait sa main droite jusqu’à ce que ses doigts touchent la partie supérieure de son front. Puis elle abaissait sa main et ses doigts effleuraient alors sa ceinture. Aussitôt elle remontait sa main et touchait, de ses doigts, son épaule gauche, puis son épaule droite. De fait, la jeune enfant donnait l’impression de s’envelopper dans le signe de la croix comme on s’enveloppe dans un châle, comme on revêt un vêtement. Accomplissant son geste, tout en disant en même temps ‘au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen’, la petite Bernadette se présentait donc elle-même, telle qu’elle était, devant le Bon Dieu. Devenue religieuse, Bernadette a été questionnée par l’une de ses sœurs : ‘Que faut-il faire pour être sûre d’aller au ciel ?’. Bernadette a aussitôt répondu : ‘Bien faire le signe de la croix, c’est déjà beaucoup’. Quelques instants avant sa mort, Bernadette rassemble ses dernières forces et accomplit un ultime signe de la croix. Puis, aussitôt après, elle expire. » [11]

 


[1] Benoît XVI, Homélie du 1er mars 2006, disponible ici.

[2] Saint Grégoire le Grand, Homélies sur l’Évangile, livre I, Homélie XVI, p. 353 (Sources Chrétiennes 485).

[3] Pape François, Angélus du 9 mars 2014, disponible ici.

[4] Lorenzo Scupoli, Le Combat Spirituel, chapitre 16, notre traduction.

[5] Julien Green, Varouna, Fayard 1995, p. 309.

[6] Paul VI, Audience générale, 19 février 1969, disponible ici.

[7] Conchita Cabrera de Armida, A ceux que j’aime plus que tout : confidences de Jésus aux prêtres , Téqui 2008, p.116.

[8] Catéchisme, nº2090.

[9] Benoît XVI, Homélie du 1er mars 2006, disponible ici.

[10] Catéchisme de l’Église catholique, nº2157.

[11] Père Horacio Brito, sur le site du Sanctuaire de Lourdes, avec une belle catéchèse consultable ici .


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