lecture

À la fin du temps de Noël, nous avions laissé Jésus sur les bords du Jourdain, alors qu’il recevait le baptême. Selon les évangiles synoptiques, il se rend après cela au désert pour y être tenté par Satan ; c’est là que nous le rejoignons. Cette scène vient clore les préparatifs de la vie publique de Jésus. Nous le contemplons alors qu’il fait face à trois tentations successives (Lc 4), et chacune des autres lectures de la messe apporte sa lumière spécifique à cet épisode évangélique. Le Christ nous enseigne comment vaincre Satan par l’arme de la Parole et, surtout, par la confiance en Dieu.

La première lecture : profession de foi d’Israël (Dt 26)

La première tentation suggérée par le diable, ces pierres qui pourraient devenir du pain, nous projette dans la grande aventure de l’Exode, la traversée du désert par le Peuple d’Israël pendant quarante ans. Les conditions de vie y étaient dures, le cœur des Israélites commença à regretter les oignons d’Égypte et la sécurité qu’ils y trouvaient malgré la servitude. Ils se lassèrent de la manne offerte par le Seigneur, avec ce cri si humain :

« Ah ! quel souvenir ! le poisson que nous mangions pour rien en Égypte, les concombres, les melons, les laitues, les oignons et l’ail ! Maintenant nous dépérissons, privés de tout ; nos yeux ne voient plus que de la manne ! » (Nm 11,5-6).

La faim qui tenaille Israël le pousse à l’apostasie, tout comme elle oppresse le Christ qui sait refuser la solution facile du miracle : au-delà de l’exigence du ventre, c’est la fidélité envers Dieu qui est en jeu.

C’est pourquoi la liturgie nous rappelle en première lecture un passage du Deutéronome (Dt 26), où Moïse enseigne au Peuple à célébrer son Dieu et à renouveler annuellement la consécration de ses biens. Nous sommes au dernier chapitre du « Code Deutéronomique » (chap. 12-26), ce grand ensemble de prescriptions juridiques destiné à structurer la vie d’Israël dans la fidélité à l’Alliance. Le contexte est alors cultuel : « lorsque tu présenteras les prémices de tes récoltes [au Seigneur… », et fait référence aux fêtes agricoles du printemps. Pour remercier la providence, qui a fait surgir encore cette année une récolte abondante pour nourrir son peuple, on lui consacre les « prémices », c’est-à-dire les premiers produits, qui sont les meilleurs. Un acte de reconnaissance mais aussi de confiance en début d’année alors que la faim constitue une menace constante notamment pour les plus pauvres. Il s’agit d’une liturgie sacrée (au Temple, le prêtre recevant les offrandes) qui débouche sur de grandes réjouissances sociales et un repas de fête : « Puis tu te réjouiras de toutes les bonnes choses dont le Seigneur ton Dieu t’a gratifié, toi et ta maison, – toi ainsi que le lévite et l’étranger qui est chez toi » (Dt 26,11).

Comment les Israélites renouvelaient-ils leur offrande au Seigneur à cette occasion ? En prononçant une courte « profession de foi » (vv.5-10) qui résume l’histoire d’Israël, de Jacob ( l’Araméen nomade) à Moïse. Les origines modestes et l’oppression en Egypte rappellent la fragilité de l’existence humaine et mettent en relief la grandeur de l’action divine, qui a libéré son Peuple et l’a conduit sur une terre « qui ruisselle de lait et de miel », dira l’israélite, les bras chargés de prémices, signe de la fidélité de Dieu à sa promesse.

Notons la subtile dynamique de la Parole divine : quatre niveaux de parole sont ici imbriqués : l’ordre de Moïse, le discours qui le contient (leCode deutéronomique) ; l’injonction faite au peuple de « prononcer ces paroles » à l’occasion des prémices ; le rappel des tentations au désert, quand les Hébreux y ont « crié vers le Seigneur, Dieu de nos pères ». Ces quatre niveaux de parole manifestent tous, selon des modalités différentes, l’Alliance entre Dieu et son peuple. Aujourd’hui, nous écoutons, à notre tour, la Parole de Dieu en Église pour nourrir notre foi, comme autrefois les Israélites au désert ou dans le Temple, en obéissance à Moïse ; comme eux, après la méditation de la Parole, nous proclamons notre foi… C’est dire l’importance de la parole, qui dit la foi et permet d’en vivre : saint Paul ne dira pas autre chose, et le Christ lui-même utilisera l’arme de la parole pour vaincre les tentations.

L’évangile : les tentations du Christ (Lc 4)

L’évangile nous fait rejoindre le Christ que l’Esprit a « conduit au désert » pour y être tenté, et le texte nous permet d’entendre les réponses qu’il oppose à Satan comme défense. Après le baptême, l’évangéliste avait inséré sa longue généalogie (Lc 3,23-38) : la liturgie l’enjambe et ajoute simplement au texte sacré : « En ce temps-là, après son baptême »…

Saint Luc souligne la présence de l’Esprit sur l’humanité de Jésus. Lors du baptême, il a déjà noté : « l’Esprit Saint descendit sur lui sous une apparence corporelle, comme une colombe » (Lc 3, 22). Aujourd’hui, la mention est double : « Jésus rempli d’Esprit-Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert … » (Lc 4,1). L’évangéliste avait déjà mentionné, dans les premiers chapitres, l’emprise de l’Esprit sur tous les personnages importants : Jean-Baptiste, « rempli d’Esprit Saint dès le sein de sa mère » (Lc 1,15) ; Marie couverte par son ombre (1,35) ; Elisabethlorsque l’enfant tressaillit en son sein (1,41) ; Zacharie qui prophétise (1,67) ; le vieux Siméon au Temple qui reconnaît le Christ du Seigneur (2,26)…

Jésus accomplit l’ultime préparation à son ministère : être « tenté par le diable ». L’ennemi vaincu, il pourra enseigner avec autorité, accomplir des miracles, provoquer les conversions : il agira avec la puissance de l’Esprit (4,14), sans l’ombre d’une faiblesse, du moins jusqu’au moment fixé, c’est-à-dire Gethsémani et le drame de la Passion. À la fin de l’épisode, Luc mentionne que le diable « a épuisé toute tentation » (4,13), laissant entendre qu’aux trois tentations correspondent les trois principales stratégies diaboliques, d’où la traduction liturgique : « toutes les formes de tentations ».

Du pain matériel à la vie dans l’Esprit

La première tentation est la plus simple : après quarante jours de jeûne, Jésus est à bout : il eut faim. Le Diable lui suggère une solution facile. Il vient d’entendre sur les bords du Jourdain cette voix qui le proclamait « Fils bien-aimé » (Lc 3,22) : si c’est vrai, pourquoi n’en profite-t-il pas pour combler sa faim de manière miraculeuse ? Un attachement à la « vie selon la chair », légitime certes – surtout lorsque l’épuisement est là et que le corps faiblit… Mais une solution qui impliquerait d’employer à son profit une prérogative divine toute orientée vers la « vie selon l’esprit », ce pouvoir sur la création qui permet au Christ d’accomplir des miracles pour susciter la foi. C’était la tentation de l’Exode : refuser le chemin exigeant de libération, à la suite du Dieu de l’Alliance qui offre la manne, pour retourner à l’esclavage d’Égypte, avec sa satisfaction matérielle. Plus de liberté, certes, mais au moins du pain et des oignons !

La réponse de Jésus est lapidaire, « l’homme ne vit pas seulement de pain ». Il prend résolument parti pour la vie selon l’Esprit et remet toute préoccupation à son Père sans utiliser sa divinité pour lui-même. Saisissons sa réponse dans son cadre scripturaire original, le Deutéronome, où Dieu explique le sens de l’épreuve – notre première lecture ce dimanche est une autre version de cette même réalité :

« Souviens-toi de tout le chemin que le Seigneur ton Dieu t’a fait faire pendant quarante ans dans le désert, afin de t’humilier, de t’éprouver et de connaître le fond de ton cœur : allais-tu ou non garder ses commandements ? Il t’a humilié, il t’a fait sentir la faim, il t’a donné à manger la manne que ni toi ni tes pères n’aviez connue, pour te montrer que l’homme ne vit pas seulement de pain , mais que l’homme vit de tout ce qui sort de la bouche de Yahvé. » (Dt 8,3)

L’évangéliste saint Jean reprendra le même thème dans le « discours du pain de vie » (Jn 6) : aux Juifs qui s’opposent à Lui, Jésus rappelle que leurs pères ont mangé la manne dans le désert mais qu’ils sont morts (v.58). Il est venu apporter le pain de vie, qu’on ne peut accueillir que dans l’Esprit : « C’est l’esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie » (Jn 6, 63).

Les mensonges de Satan

La deuxième tentation, autour de la gloire des royaumes, est une perversion de l’esprit. Le démon propose à Jésus un raccourci pour accomplir sa mission, en recevant directement les honneurs des hommes… au prix d’une allégeance à Satan, un geste qui semblerait insignifiant par rapport au gain escompté. Une perversion : Jésus n’est pas venu rallier des admirateurs forcés, mais sauver l’humanité. Un mensonge : le salut des hommes ne passe pas par leur soumission contrainte mais par leur libre adhésion à l’amour qui se donne jusqu’à mourir. Jésus le sait et choisira tout au long de sa vie le chemin ignominieux de l’abaissement et de la Croix, pour se soumettre en tout à son Père à qui appartient la vraie gloire.

Le discours du Tentateur (vv.6-7) est d’ailleurs entièrement mensonger : les trois affirmations du diable sont autant d’impostures. En effet, Satan ne peut donner « le pouvoir » à personne : il ne peut offrir qu’une ombre de puissance, la gloire humaine passagère… Ceux qui tombent dans ce piège sont alors ses victimes, et ce cadeau illusoire prend vite fin, ne serait-ce qu’à la mort du pécheur. La duperie se révèle vite… Le serpent s’est vite enfui après avoir fait pécher Adam et Eve (Gn 3), les laissant seuls face au désastre. Ils se sont alors rendus compte que la parole trompeuse « vous serez comme des dieux » (v.5) n’avait comme salaire que la honte et la mort : « C’est par la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde ; ils en font l’expérience, ceux qui prennent parti pour lui » (Sagesse 2, 24).

Le seul vrai pouvoir, celui de l’amour victorieux de tout mal et comblant tout cœur, n’appartient qu’à Dieu. La gloire aussi ; Satan en est totalement dépourvu, lui qui n’est que ténèbres. Sa prétention de donner la gloire « à qui je veux » contraste avec l’attitude humble de Jésus, qui déclare « je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jn 6,38) et qui tient sa gloire entièrement du Père pour témoigner de lui : « Père glorifie ton Fils pour que ton Fils te glorifie » (Jn 17, 1).

Le second mensonge du diable est que ce pouvoir ne lui a pas été remis : il le dérobe à Dieu, nous faisant croire qu’il en est maître, alors qu’il s’agit seulement d’une « permission » temporaire du Seigneur de l’histoire comme le rappelle le livre de Job (Job 1, 6). Il ne lui est concédé qu’une possibilité de tromper la liberté de l’homme, que Dieu ne veut pas contraindre mais seulement inviter à l’aimer. Il dissimule ainsi l’origine honteuse de son influence sur le monde, pour ne pas éveiller nos soupçons. Enfin, cette emprise qu’il a sur l’histoire, il n’est pas libre de l’exercer sur qui il veut mais sur ceux-là seulement qui l’acceptent, car il ne peut contraindre le libre-arbitre de l’homme. Il se présente comme la créature la plus libre qui soit, alors qu’il est esclave de sa propre rébellion (troisième mensonge). Le Catéchisme redimensionne bien le rôle mystérieux que le diable peut accomplir dans l’histoire :

« La puissance de Satan n’est cependant pas infinie. Il n’est qu’une créature, puissante du fait qu’il est pur esprit, mais toujours une créature : il ne peut empêcher l’édification du Règne de Dieu. » [1]

Ces trois mensonges sont au service d’un seul but : obtenir de Jésus qu’il se « prosterne devant lui ». Voilà son objectif : recevoir l’adoration qui est due à Dieu seul, se mettre à sa place en jouant sur notre faiblesse et notre crédulité. D’où la réponse cinglante du Seigneur, qui dévoile le projet diabolique et rétablit la vérité : « à Dieu seul tu rendras un culte » (Dt 6,13). Jésus nous montre l’exemple : comme croyants, nous sommes enclins à de multiples perversions de l’esprit qui conduisent à l’idolâtrie. Combien d’idoles nous sont proposées chaque jour pour obtenir un peu plus de gloriole, de pouvoir, d’admiration… au prix de notre fidélité au Seigneur (voir le Catéchisme sur l’idolâtrie, nn. 2112-2114).

La relation filiale à l’épreuve

Beaucoup d’auteurs ne voient dans la troisième tentation qu’une proposition d’être « admiré par la foule » à la faveur d’un miracle, une tentation contre l’humilité. Si Dieu faisait intervenir quelques anges pour sauver Jésus, au beau milieu de la foule de Jérusalem, alors les hommes se convertiraient en voyant une éclatante manifestation de puissance divine… C’est une explication possible, mais la foule n’est pas du tout présente dans la scène. Il semble que le démon va plus loin : après avoir tenté Jésus comme tout homme, dans sa chair puis dans son esprit, il s’attaque au plus grand mystère de sa personne, sa relation filiale. « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas… » (v.9) : Le démon cite le Psaume 91, que nous chantons dans la liturgie, pour remettre en cause la confiance humaine que le Fils a dans son Père.

C’est la plus subtile des tentations. Jésus ne s’y trompe pas : il s’agirait alors de « mettre à l’épreuve le Seigneur », en abusant de son statut de Fils. Satan veut insinuer le doute dans l’esprit de Jésus : est-il le Fils bien-aimé, son Père l’aime-t-il vraiment jusqu’au bout ? Il avait semé avec succès ce doute dans l’esprit d’Eve : « Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux, qui connaissent le bien et le mal. » (Gn 3, 4-5). Une insinuation tellement actuelle : nous avons l’impression que Dieu veut notre mal, que ses exigences sont là pour nous brimer, pour limiter notre liberté, alors qu’elles sont au contraire le chemin de la vraie liberté.

Cette dernière tentation renvoie aussi à la scène de Gethsémani, à laquelle Luc fait allusion lorsqu’il mentionne le « moment fixé » où Satan reviendra à la charge (v.13). Dans le désert, Jésus n’avait pas besoin du soutien des anges. Mais, au début de sa Passion, ce sera le temps de l’épreuve suprême, le moment de vivre de façon héroïque cette conviction du Psaume 91 : « je suis avec lui dans son épreuve ». Jésus s’abandonnera alors totalement à son Père : « si tu veux… Cependant, que ce soit ta volonté » (Lc 22,42), et alors l’ange interviendra pour le réconforter (v.43) ; Il mourra en disant « Père, en tes mains je remets mon esprit » (Lc 23,46).

C’est finalement par son obéissance que Jésus a triomphé de Satan lors des tentations et qu’Il nous a sauvés sur la Croix. Cette obéissance absolue, qui est une expression de l’amour, toute pénétrée de révérence envers son Père et de confiance filiale, était la source de sa profonde paix au milieu des épreuves les plus grandes. Jésus exprime cette confiance au début de sa Passion : « Vous serez dispersés, chacun de votre côté et vous me laisserez seul. Mais je ne suis pas seul : le Père est avec moi » (Jn 16, 32). Au moment de sa mort, il éprouvera un immense sentiment d’abandon, ce qui ne l’empêchera pas de continuer à s’adresser à son Père en ayant recours une fois de plus à l’Écriture : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27, 46).

Pour nous aussi, dans un monde déchiré par la violence, sous l’emprise de Satan qui cherche à nous séduire de multiples façons, l’obéissance fondée sur l’assurance de l’amour du Père est la voie royale pour nous maintenir dans le Seigneur et devenir des instruments de paix.

Le Psaume : assistance divine au croyant (Ps 91)

Dans cette optique spirituelle, nous prions le Psaume 91 (90), non pas avec cette mentalité de défi que Satan voudrait susciter, mais avec la pleine confiance du croyant qui met toute son espérance dans le Seigneur.

Assailli par l’épreuve, le psalmiste se réfugie en Dieu comme un soldat dans une forteresse : « Mon refuge, mon rempart, mon Dieu, dont je suis sûr ! » C’est un acte de foi qui nous montre le chemin : l’abandon dans les mains du Seigneur. L’âme de Jésus tout entière, pendant son séjour sur terre, vivait continuellement dans ce refuge inaccessible au démon, puisqu’il contemplait son Père depuis toute éternité ; il nous y accueille aujourd’hui comme des frères : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera et vous viendrons vers lui et nous nous ferons une demeure chez lui » (Jn 14,23).

Cette confiance met à l’abri dans les épreuves : « le malheur ne pourra te toucher », parce que le Seigneur emploiera tous les moyens pour te protéger. Voilà le vrai sens de cette image d’anges envoyés pour « garder tous tes chemins… » L’épreuve n’est pas éliminée par miracle – notre vie nous le montre à l’évidence – mais Dieu la vit aux côtés du croyant, ne permet pas qu’il soit tenté au-delà de ses forces, et lui donne tous les moyens pour se maintenir ferme. C’est pourquoi la dernière strophe du psaume fait parler le Seigneur lui-même : « Il m’appelle, et moi, je lui réponds ; je suis avec lui dans son épreuve » (v.15).

La deuxième lecture : invoquer le nom du Seigneur (Ro 10)

Dans sa Lettre aux Romains, saint Paul nous montre comment appliquer à notre vie chrétienne tous ces enseignements, tant l’héritage du Deutéronome que l’appel à suivre le Christ vainqueur de Satan. Nous en écoutons un court extrait où l’apôtre des nations explique comment Israël donne déjà l’exemple du salut par la foi (la justification), et non par les œuvres de la Loi ; après l’avènement du Christ, c’est par l’adhésion à Jésus que nous sommes sauvés.

Paul reprend une phrase du Deutéronome , affirmant que la Parole n’est pas inaccessible ni incompréhensible : « Tout près de toi est la Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur » (Dt 30,14). Elle décrit bien l’attitude spirituelle mentionnée en première lecture mais introduit dans la nouveauté de l’Évangile, assimilant la « Parole » au « message de la foi que nous proclamons » (v.8). Avec Jésus, le rôle de la Parole comme voie du salut a acquis une dimension infiniment plus élevée : Jésus est lui-même la Parole (le Verbe). L’Évangile est la proclamation par les Apôtres de ce Christ qui entraîne l’adhésion de foi des auditeurs (cf. Ro 10,14). Tous les hommes sont appelés à le suivre et l’invoquer, et non plus simplement Israël : « entre les Juifs et les païens, il n’y a pas de différence : tous ont le même Seigneur, généreux envers tous ceux qui l’invoquent » (v.12).

L’adhésion au Christ est surtout intérieure, et se réalise par la foi : c’est pourquoi saint Paul souligne: « c’est avec le cœur que l’on croit pour devenir juste » (v.10) ; mais comme il s’agit d’une réponse à l’annonce extérieure des Apôtres, et d’une incorporation à l’Église visible qui est la communauté des croyants, cette adhésion est inséparable d’une proclamation extérieure : « c’est avec la bouche que l’on affirme sa foi pour parvenir au salut » (v.10).

Ce dimanche, à la messe, nous proclamons donc collectivement notre foi dans le Christ, comme nous y exhorte saint Paul ; nous sommes alors comme le peuple d’Israël qui crie vers le Seigneur dans le désert… Jésus nous montre comment nous appuyer sur l’Écriture pour mettre en œuvre cette foi dans le combat spirituel qui nous attend pendant le carême.

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[1] Catéchisme de l’Église catholique, nº395.

La tentation du Christ

La tentation du Christ


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