lecture

La semaine dernière, lors de la Pentecôte, nous avons entendu Jésus promettre à ses disciples que l’Esprit Saint « les conduirait à la vérité tout entière » (Jn 16,13). De fait, cette vérité se déploie peu à peu dans l’histoire de l’Église et la vie liturgique s’en fait le reflet. La fête de la Trinité en est un bon exemple : le mot « trinité » n’apparaît pas en tant que tel dans l’Écriture, mais a été forgé par les Pères de l’Église et les Conciles dès les premiers siècles pour décrire le mystère de Dieu en trois personnes, tel que Jésus nous l’a révélé. Au VIIe siècle est apparue une messe votive « de la sainte Trinité », qui fut étendue à toute l’Église par le pape Jean XXII – un pape français en Avignon – au XIVe siècle. C’est ainsi que l’Église, épouse du Christ médite, approfondit et célèbre toujours plus intensément les mystères divins révélés par son Époux.

Les lectures de la messe nous offrent trois moments privilégiés de la révélation du mystère de Dieu : sa préparation dans l’Ancien Testament avec la profession du Dieu unique (Dt 4) ; le mandat missionnaire de Jésus à la fin de l’évangile de Matthieu (chap. 28), qui mentionne les trois personnes divines dans une expression solennelle ; la présence de la Trinité Sainte dans le cœur des croyants et l’appel à partager la vie trinitaire (Ro 8).

La première lecture : le Dieu d’Israël (Dt 4)

Le livre du Deutéronome contient les derniers discours de Moïse, avant sa mort sur le mont Nébo, et avant que Josué ne fasse entrer le peuple dans la Terre Promise. La liturgie de ce jour nous plonge dans le premier de ces grands discours. Dans les chapitres précédents, Moïse rappelle les grandes étapes de l’Exode depuis l’Horeb, avec les récriminations des Hébreux, l’institution des juges et les hésitations du Peuple à rentrer en Terre Promise (Dt 1), puis les victoires sur les royaumes qui s’opposaient à la marche d’Israël (Dt 2-3). Au chapitre 4, qui nous intéresse aujourd’hui, Moïse commence un discours solennel en forme de testament : « Et maintenant, Israël, écoute les lois et les coutumes que je vous enseigne aujourd’hui pour que vous les mettiez en pratique : afin que vous viviez, et que vous entriez, pour en prendre possession, dans le pays que vous donne le Seigneur, le Dieu de vos pères. » (Dt 4,1).

Moïse est préoccupé de l’avenir du peuple hébreu lorsque, après sa mort, il s’établira en Terre Promise : les Israélites seront-ils fidèles à la Loi reçue au Sinaï ? La tentation de renier l’Alliance avec le Seigneur, de devenir un peuple comme les autres avec ses propres idoles, a déjà séduit Israël et pourrait ressurgir : « Gardez-vous d’oublier l’alliance que le Seigneur votre Dieu a conclue avec vous et de vous fabriquer une image sculptée de quoi que ce soit, malgré la défense du Seigneur ton Dieu ; car le Seigneur ton Dieu est un feu dévorant, un Dieu jaloux » (Dt 4,23). Moïse se souvient du veau d’or et met le peuple en garde…

La partie du discours que nous lisons à la messe de ce jour vise à susciter la foi du peuple et sa fidélité au Dieu jaloux d’Israël. Elle s’appuie sur l’idée de la relation unique que Dieu a établie avec le peuple de l’Alliance, choisi parmi toutes les nations : Israël n’est pas un peuple comme un autre, avec ses croyances et ses dieux muets, il est élu et aimé du Dieu unique. Ce seul vrai Dieu s’est manifesté concrètement et personnellement au peuple hébreu et fait pour lui des prodiges. L’argument est celui de la mémoire : « Interroge donc les temps anciens qui t’ont précédé… » (v.32). Israël doit revenir sans cesse sur les événements fondateurs de son histoire pour ne pas oublier Dieu, pour maintenir sa foi monothéiste menacée comme un feu à protéger au milieu de la tempête de l’histoire.

Deux moments sont mis en exergue : la révélation de la présence et de la puissance de Dieu au Sinaï (la voix de Dieu parlant du milieu du feu, v.33) et la libération miraculeuse de l’esclavage d’Egypte (des signes, des prodiges et des combats, à main forte et à bras étendu, v.34).

Un premier « visage » de Dieu s’esquisse donc ici. Il présente trois traits majeurs :

  • le dieu d’Israël n’est pas une idole parmi d’autres, régnant sur un seul peuple (on pensait volontiers sous l’Antiquité que chaque peuple avait un dieu propre). Il est le Dieu du ciel et de la Terre, le Dieu universel, le maître de toutes choses et le seul vrai Dieu car la vérité n’a qu’un visage. Le monde, la création, tout ce qui est, proviennent d’une seule source : « C’est le Seigneur qui est Dieu, là-haut dans le ciel, comme ici-bas sur la terre ; il n’y en a pas d’autre. »
  • Dieu n’est pas inaccessible et insensible. Il se révèle aux hommes, pourtant faibles et mortels, s’intéresse à eux et fait même alliance avec eux. Israël en est le bénéficiaire en attendant que l’Alliance ne s’ouvre à toute l’humanité.
  • Toutefois, troisième caractéristique, la nature même de Dieu reste mystérieuse et impénétrable. Il est « celui qui est » (Ex 3,14) sans qu’on en sache plus sur son être profond. Aussi apparaît-il comme un Dieu terrible et redoutable. Il parle « au milieu du feu », accomplit « des épreuves, des signes, des prodiges et des combats, (…) des exploits terrifiants. » On ne peut le définir que de l’extérieur.

Cette foi exigeante en Dieu, ancrée dans l’histoire et rejetant les idoles, est le socle nécessaire pour que Dieu puisse accomplir un pas de plus en révélant la pluralité de ses Personnes. Si ce socle n’avait pas été solide, les disciples et les premiers chrétiens seraient tombés dans le polythéisme en entendant parler de « père et fils » ; mais Jésus, en arrivant dans ce monde, y a trouvé la foi pluriséculaire d’Israël et a pu révéler a ses disciples le mystère « interne » du Dieu trinitaire. Le Catéchisme montre bien l’importance de cette étape :

« Je crois en un seul Dieu » : C’est avec ces paroles que commence le Symbole de Nicée-Constantinople. La confession de l’Unicité de Dieu, qui a sa racine dans la Révélation Divine dans l’Ancienne Alliance, est inséparable de celle de l’existence de Dieu et tout aussi fondamentale. Dieu est Unique : il n’y a qu’un seul Dieu : La foi chrétienne confesse qu’il y a un seul Dieu, par nature, par substance et par essence. À Israël, son élu, Dieu s’est révélé comme l’Unique : « Écoute, Israël ! Le Seigneur notre Dieu est le Seigneur Un. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être, de toute ta force » (Dt 6, 4-5). Par les prophètes, Dieu appelle Israël et toutes les nations à se tourner vers lui, l’Unique :  » Tournez-vous vers Moi et vous serez sauvés, tous les confins de la terre, car Je suis Dieu, il n’y en a pas d’autre (…). Oui, devant Moi tout genou fléchira, par Moi jurera toute langue en disant : en Dieu seul sont la justice et la force » (Is 45, 22-24). » [1]

L’évangile : le mandat missionnaire (Mt 28)

Jésus n’a laissé aucun doute sur cet héritage d’Israël, surtout lors de ses discussions rabbiniques : interrogé sur le « premier commandement », il répond (Mc 12, 29-30) par le Shema Israël (Dt 6) que l’extrait ci-dessus du Catéchisme vient de rappeler. Mais il a aussi clairement invité ses auditeurs à croire en sa divinité, au grand dam de ses ennemis et c’est d’ailleurs ce qui entraînera sa mort : « Ce n’est pas pour une bonne œuvre que nous te lapidons, mais pour un blasphème et parce que toi, n’étant qu’un homme, tu te fais Dieu » (Jn 10,33). Ce faisant, il invite ses disciples à s’ouvrir au mystère trinitaire, en parlant de Dieu son Père, et de l’Esprit Saint comme du Consolateur qui poursuivra sa mission.

L’Église a précisé les contours du mystère trinitaire. Le Catéchisme (cf n°253 à 255) nous rappelle que :

  • La Trinité est Une. Les personnes divines ne se partagent pas l’unique divinité mais chacune d’elles est Dieu tout entier. 
  • Les personnes divines sont réellement distinctes entre elles : ‘Dieu est unique mais non pas solitaire’ ; ‘C’est le Père qui engendre, le Fils qui est engendré, le Saint-Esprit qui procède’… L’unité divine est trine.
  • Les personnes divines sont relatives les unes aux autres. Parce qu’elle ne divise pas l’unité divine, la distinction réelle des personnes entre elles réside uniquement dans les relations qui les réfèrent les unes aux autres. En effet, ‘tout est un [en eux] là où l’on ne rencontre pas l’opposition de relation’.

La liturgie nous propose la dernière page de l’évangile de Matthieu, parce qu’y apparaît une très claire « formule trinitaire » probablement influencée par la liturgie de la première communauté : « baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit » (Mt 28,19). Le Nom divin révélé au Sinaï recouvre une triple réalité sans perdre sa valeur théologique. Un progrès inouï dont nous avons peine à saisir l’aspect scandaleux pour les contemporains de Jésus, qui y voyaient un blasphème et une atteinte à l’unicité de Dieu. Le Catéchisme souligne qu’il n’en est rien :

« Les chrétiens sont baptisés « au nom » du Père et du Fils et du Saint-Esprit et non pas « aux noms » de ceux-ci car il n’y a qu’un seul Dieu, le Père tout puissant et son Fils unique et l’Esprit Saint : la Très Sainte Trinité. Le mystère de la Très Sainte Trinité est le mystère central de la foi et de la vie chrétienne. Il est le mystère de Dieu en lui-même. Il est donc la source de tous les autres mystères de la foi ; il est la lumière qui les illumine. Il est l’enseignement le plus fondamental et essentiel dans la « hiérarchie des vérités de foi ». « Toute l’histoire du salut n’est autre que l’histoire de la voie et des moyens par lesquels le Dieu vrai et unique, Père, Fils et Saint-Esprit, se révèle, se réconcilie et s’unit les hommes qui se détournent du péché ». » [2]

Deux autres éléments attirent l’attention dans cette dernière page de Matthieu. Le premier est le manque de foi des disciples, qui est décrit avec un grand réalisme : « certains eurent des doutes » (v.17). Rappelons les reproches que Jésus leur a adressés à plusieurs reprises : « N’avez-vous pas encore la foi ? » (Mt 4,40). Rappelons aussi que c’est un centurion romain qui a exprimé pleinement la foi au pied de la Croix (Vraiment celui-ci était fils de Dieu ! Mt 27,54), alors que les apôtres avaient fui. L’évangile de Marc se termine lui aussi sur cette note d’incrédulité : « Enfin il se manifesta aux Onze eux-mêmes pendant qu’ils étaient à table, et il leur reprocha leur incrédulité et leur obstination à ne pas ajouter foi à ceux qui l’avaient vu ressuscité » (Mc 16,14). Pourtant, de manière étonnante, Jésus n’attend pas leur conversion totale, qui n’adviendra qu’à la Pentecôte, pour leur confier une mission aussi importante que la conversion de « toutes les nations ».

Le deuxième élément est le thème de l’autorité (ἐξουσία, exousia). Il parcourt tout l’évangile de Matthieu, au point de susciter une polémique spécifique avec les prêtres (Mt 21,23 : par quelle autorité fais-tu cela ?). Dans sa dernière adresse aux disciples, Jésus affirme : « tout pouvoir (ἐξουσία) m’a été donné au ciel et sur la terre », ce qui revient à reconnaître son statut divin, comme le fait de « siéger à la droite de Dieu » dans l’évangile de Marc : « Or le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et il s’assit à la droite de Dieu » (Mc 16,19).

Mais comment le Christ exerce-t-il désormais cette autorité ? Il envoie les Onze prolonger sa propre mission : « faites des disciples ». Désormais ils ne se limiteront plus aux « brebis perdues de la maison d’Israël » (Mt 15,24), mais devront gagner à l’évangile « toutes les nations », en les baptisant et en les instruisant (apprenez-leur à observer…). C’est dans ce but que l’autorité du Christ est déléguée aux successeurs des apôtres et aux ministres ordonnés qui ont pouvoir de conférer les sacrements et d’enseigner, deux missions qui constituent le cœur de la vie de l’Église, comme nous le voyons dans les Actes des Apôtres.

La deuxième lecture : l’Esprit fait de nous des fils (Ro 8)

La révélation de la Trinité, apportée par Jésus, n’est pas la communication d’un rébus incompréhensible pour dérouter notre intelligence : c’est une invitation à une vie nouvelle, à l’expérience de l’amour de Dieu qui renouvelle toutes choses. La Trinité sainte s’ouvre à nous pour nous accueillir en son sein… Saint Paul nous dévoile la richesse de ce mystère dans le chapitre 8 de la Lettre aux Romains dont la densité théologique est incomparable. Il y montre les relations que le croyant entretient avec chacune des personnes de la Trinité.

Relation avec Dieu le Père, tout d’abord : par Jésus, nous sommes adoptés comme ses véritables enfants. La prière par laquelle Jésus s’adresse avec confiance à son Père, Abba (cf. Mc 14,36), devient la nôtre : une expression de tendresse filiale inouïe vis-à-vis du Dieu transcendant. Nous n’oserions pas nous l’approprier si le Fils ne nous y avait pas invités : « Quand vous priez, dites : Notre Père », et si l’Esprit Saint ne le suscitait en nos cœurs :

« Bien plus, l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables » (Rm 8, 26).

Comme nous l’avons médité avec saint Jean pendant le temps pascal, « nous sommes enfants de Dieu » (1Jn 3,2 = Ro 8,16), non pas comme une vague métaphore, mais selon une véritable adoption méritée par le sang du Christ. Saint Paul utilise toute une série de termes pour exprimer cette filiation qu’il évoque à chaque verset : fils de Dieu (υἱοὶ θεοῦ, uioi théou,v.14) ; esprit d’adoption (πνεῦμα υἱοθεσίας, pneuma uiothésias v.15) ; enfants de Dieu (τέκνα θεοῦ, techna théou v.16) ; héritiers (κληρονόμοι, kléronomoi, v.17).

Relation avec le Christ : nous sommes configurés à lui par le baptême, et Dieu le Père nous incorpore désormais au Corps Mystique de son Fils, Il nous constitue comme « héritiers » de toutes les richesses spirituelles : les promesses à Abraham, la Résurrection de Jésus, le don de l’Esprit, la vie éternelle, la communion trinitaire… Nous sommes au cœur de la spiritualité de saint Paul, car il écrit la même chose aux Galates : « Et la preuve que vous êtes des fils, c’est que Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie : Abba, Père ! Aussi n’es-tu plus esclave mais fils ; fils, et donc héritier de par Dieu. » (Gal 4,6-7).

Relation avec l’Esprit : cette vie nouvelle est l’œuvre de l’Esprit Saint, qui nous attire vers le Christ pour que nous nous convertissions, qui accomplit l’adoption filiale lors du baptême, qui atteste la réalité de notre « nouvel être » face à notre incrédulité toujours renaissante, et devient l’hôte plus intime que nous-mêmes qui dirige notre vie spirituelle : « se laisser conduire par l’Esprit de Dieu ».

Quel serait, par contraste, l’esprit « qui fait de vous des esclaves » ? Un passage pittoresque des Actes des Apôtres, où Paul est confronté à de mauvais esprits, des démons, peut nous éclairer. Certains exorcistes juifs voulaient expulser des démons au nom de Jésus sans croire en lui ; mais le résultat fut désastreux :

« L’esprit mauvais leur répliqua : « Jésus, je le connais, et Paul, je sais qui c’est. Mais vous autres, qui êtes-vous ? » Et se jetant sur eux, l’homme possédé de l’esprit mauvais les maîtrisa les uns et les autres et les malmena si bien que c’est nus et couverts de blessures qu’ils s’échappèrent de cette maison. » (Ac 19,15-16).

Saint Paul a certainement en tête ce genre de confrontation avec les esprits mauvais lorsqu’il invite à se confier pleinement en l’Esprit Saint, qui n’est pas envoyé pour asservir l’homme, mais pour accomplir en lui l’adoption filiale. Il n’est pas un simple esprit : Il est l’Esprit Saint, troisième personne de la sainte Trinité, dans laquelle Il nous introduit…

Le psaume 33 (32) : Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu

Au-delà de la simple louange juive au Seigneur de l’univers, qui est déjà très belle et profonde, nous pouvons relire le psaume 33 (32) dans une perspective trinitaire et avec un regard renouvelé. Reprenons les quatre strophes choisies par la liturgie pour y chanter la Trinité :

 « Oui, elle est droite la parole du Seigneur » ; sa parole est son Verbe incarné, le Christ, qui est venu accomplir « le bon droit et la justice » ; c’est par lui et pour lui que l’univers fut créé : le Seigneur a fait les Cieux par sa parole.

La création est une œuvre trinitaire où intervient l’Esprit, « le souffle de sa bouche » ; c’est l’Esprit qui maintient et soutient l’univers, la terre est remplie de son amour.

Le Père a envoyé son propre Fils, livré pour le salut des hommes pour « les délivrer de la mort, les garder en vie aux jours de famine » ;

« Nous attendons notre vie du Seigneur » or cette vie c’est le Christ, vie de notre âme, qui est « un appui, un bouclier ». C’est par lui que se réalise notre plus grand désir : « Que ton amour Seigneur soit sur nous ». et l’Esprit répandu en nous engendre l’espérance : « notre espoir en toi ».

Dans cet esprit de louange émerveillée, nous pouvons reprendre la prière collecte de la messe :

« Dieu notre Père, tu as envoyé dans le monde ta Parole de vérité et ton Esprit de sainteté pour révéler aux hommes ton admirable mystère ; donne-nous de professer la vraie foi en reconnaissant la gloire de l’éternelle Trinité, en adorant son Unité toute-puissante. Par Jésus Christ…»[3]

⇒Lire la méditation


[1] Catéchisme, nº200-201.

[2] Catéchisme, nº232-233.

[3] Prière collecte de la messe du jour.

 


La Trinité de Rublev

La Trinité de Rublev


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