De la préparation à la manifestation
« Il vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu »
Lc 3, 16
Pour clore la période de Noël et entrer dans le Temps Ordinaire, nous célébrons le Baptême de Jésus. Nous adoptons Jean-Baptiste comme compagnon de route sur les bords du Jourdain, pour nous introduire au Christ, et nous reprenons l’évangile de Luc là où nous l’avions quitté lors du troisième dimanche de l’Avent (cf. Lc 3). Dans cet évangile, l’épisode du Baptême prend surtout l’allure d’une théophanie, qui est la culmination de révélations progressives : après avoir été révélé aux pauvres (les bergers), puis aux représentants officiels du peuple élu (en la personne de Syméon), et enfin à ses parents et aux docteurs dans le Temple (le Recouvrement), Jésus manifeste sa divinité à Jean et à Israël au bord du Jourdain (cf. Lc 3).
Plus encore, c’est la Trinité elle-même qui se manifeste : le Père proclame son amour pour lui, et l’Esprit descend sur lui comme une colombe. Le terme « manifestation » revient d’ailleurs à trois reprises dans la deuxième lecture, tirée de l’Épître à Tite (cf. Tt 2), pour désigner trois réalités : la bienveillance du Père qui fait don du Sauveur, puis son retour dans la gloire, et enfin le don de l’Esprit au baptême chrétien. Des mystères de lumière dont Isaïe avait déjà perçu la lueur plusieurs siècles auparavant (cf. Is 40, première lecture), et que la liturgie nous invite à célébrer par ces paroles :
« Aujourd’hui, sur les eaux du Jourdain, tu veux inaugurer le baptême nouveau : une voix descend du ciel pour attester que ta Parole habite chez les hommes, et l’Esprit, manifesté sous l’aspect d’une colombe, consacre ton Serviteur Jésus, pour qu’il aille annoncer aux pauvres la bonne nouvelle… »
À l’écoute de la Parole
Le « baptême dans l’Esprit » que Jésus vient instituer sur terre constitue le fil rouge des lectures de ce dimanche. La venue du Seigneur est annoncée par Isaïe pour déclencher la préparation du peuple à l’Évangile : attente dans l’espérance qui est déjà un lieu d’action de l’Esprit, une onction prophétique dont Jean sera le dernier protagoniste. La création elle aussi manifeste l’Esprit à l’œuvre : « Tu envoies ton souffle : ils sont créés, tu renouvelles la face de la terre » (Ps 104, 30), comme une onction naturelle des mains du Créateur en attendant l’Incarnation du Verbe. Enfin, la lettre de Paul montre comment notre baptême est une immersion dans celui de Jésus : « Par le bain du baptême, Dieu nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. » (Tt 3, 5)
Méditation
La scène du Baptême de Jésus, telle que Luc nous la raconte, renferme plusieurs pistes pour notre méditation. Elle nous inspire d’abord l’attitude de l’attente, propre à l’homme de foi qui scrute les préparations mystérieuses que Dieu opère dans les cœurs. Elle nous dévoile aussi l’identité profonde du Sauveur qui vient à nous inlassablement et nous invite à le contempler dans la Trinité. Enfin, elle nous exhorte à devenir nous-mêmes messagers de la Bonne Nouvelle, selon la prophétie d’Isaïe et à l’instar des grandes figures de Jean-Baptiste et de saint Paul.